jeudi 19 janvier 2017

Premières semaines sur l'île sud : une arrivée mitigée, le Kahurangi National Parc, l'Abel Tasman Coastal Track, du travail et des fjords


Bonjour à tous!

Et bien il aura pris son temps celui-là! C'est que nous avons été très occupé au cours du dernier mois à nettoyer des pommiers 9h par jour...

Nous vous raconterons tout ça dans un prochain article. Pour l'heure, voici le récit des quelques semaines qui ont précédé le retour au travail. Quelques semaines marquées avant tout par notre débarquement sur l'île sud de la Nouvelle Zélande, la belle et légendaire, celle qui fait briller nos yeux d'envie depuis plusieurs années. Et nous y sommes!

Nous débuterons notre histoire par une arrivée sur l'île peu glorieuse et une première semaine dominée par l'inactivité, la météo déplorable et quelques difficultés administratives nécessaires mais forcément ennuyeuses (ça donne envie, pas vrai?), avant de vous emmener, après une petite balade dans les forêts du parc de Kahurangi, à la découverte d'un des joyaux naturel du pays : l'Abel Tasman National Park, avec ses plages de sable d'or et sa jungle. Nous terminerons par le début de nos recherches de travail et une petite crapahute sur le célèbre Queen Charlotte Track dans les magnifiques fjords du nord-est de l'île.

Un article fourre-tout, rédigé sur plus d'un mois donc forcément décousu. Bonne lecture!



En route vers le sud   


Nous vous avions laissé la derniere fois à Ohakune, sur l'île nord, où nous profitions d'un repos bien mérité dans un B&B providentiel après l'harassant mais formidable Tongariro Alpine Crossing. 

Alors je préfère vous prévenir tout de suite, le début de notre histoire n'est pas des plus palpitant...  En voilà une belle phrase d'accroche! 

Pourtant, tout commence plutôt bien. Très bien même : nous profitons de repos et de soleil chez Paul durant une petite journée réparatrice, préparant la suite de notre vadrouille.

Comme je le disais la dernière fois, nous avons décidé de rejoindre Wellington, pour prendre un ferry à destination de l'île sud. Sur place, avant toute chose, nous voulons nous atteler à l'ouverture de nos comptes en banque et à l'obtention de notre IRD number, ce qui ne sera visiblement pas si évident que ça.

Il faut normalement réserver le billet de ferry, mais étant donné que nous ne savons pas combien de temps nous allons mettre pour franchir les 300 bornes qui nous en séparent de la capitale en stop, nous préférons ne pas nous avancer et jouer la carte de la chance en prenant nos billets sur place juste avant le départ, au terminal de l'agence de ferry. Léonore et moi cherchons tout de même un aperçu des tarifs. Deux compagnie assurent 6 traversées quotidiennes entre Wellington et Picton, petite ville côtière du nord de l'île sud : Interislander et Bluebridge Ferry. La traversée dure environ 3h30 si la mer est calme (on nous a raconté que cette durée pouvait être multipliée par deux, voir plus, en cas de tempête...) Les deux compagnies se valent, et les prix dépendent de la saison. Dans notre cas, le choix est simple : 53$ avec Bluebridge Ferry, 59 avec Interislander.

Nous repérons notre trajet idéal : un départ à 2h30 du matin de Wellington, pour une arrivée à Picton prévue à 6h. Cela nous laisserait une bonne journée pour gérer notre administratif. En levant le pouce tôt le matin depuis Okahune, nous nous ménagerions une bonne marge de temps pour arriver à Wellington. Encore une fois, dans l'idéal... L'entreprise est audacieuse, et comporte beaucoup de paramètres hasardeux. Un retard, une pénurie de billets, un surcroit de malchance en auto-stop, et nous risquons de nous retrouver bloqués à Wellington en plein centre-ville, ce qui serait synonyme d'une nuit à dormir dans la rue... Rien d'inhabituel donc.

Sachez que si vous êtes un peu plus prévoyants que nous, vous pouvez réserver vos billets ici.

De mon côté, j'y crois à fond. C'est important d'avoir la foi!

Nous nous en inquiéterons demain. Pour le moment, nous profitons de la maison de Paul, qui de son côté profite de nos bras jeunes et fougueux. Notre hôte est en effet atteint de la maladie de Parkinson, et nous lui donnons un coup de main pour déplacer des remorques dans son jardin, tronçonner quelques branches d'arbre, nous flinguer le dos en tirant une remorque particulièrement lourde, ce genre de choses...

Au matin, c'est parti. Le plan est donc simple : lever le pouce sans interruption jusqu'au centre-ville de Wellington et le terminal de Bluebridge. Si nous avons de la chance, nous arriverons d'ici ce soir et nous pourrons acheter des billets pour le ferry de 2h30. Sinon... Surprise! Rien de bien méchant donc, en comparaison de certaines situations que nous avons eu l'occasion d'expérimenter auparavant (Ah, notre grandiose épopée de Yazd à Kathmandu!).

Nous saluons Paul, sortons d' Ohakune, et au bout de 30 minutes, nos incertitudes et nos craintes sont balayées, et le hasard nous offre ce genre de lift miraculeux qui n'arrive que rarement : un van s'arrête, conduit par un couple argentin. Ils se rendent à Wellington. Sans déconner?!

Bon, voilà, oubliez tout ce que je disais. La route est bien moins intéressante que ce à quoi nous nous sommes habitués depuis que nous sommes dans le pays, le ciel est noir, il pleut à verse, mais quelle importance? Nous arrivons à Wellington à 15h, nos amis nous posent à l'entrée du terminal, nous passons au guichet, achetons nos billets pour le ferry de 2h30, et c'est réglé. Décevant, pas vrai? Avouez que vous esperiez quelques rebondissements! Désespérément ennuyeux je vous disais...

Plus sérieusement, le temps est déplorable, nous avons plus de 11 heures d'attente avant le départ du bateau, mais nous exultons. Il est amusant de constater l'effet que peuvent avoir une session d'auto-stop réussie et la simple présence d'un toit au-dessus de la tête sur le moral! Dans cette situation précise, nous aurions été moins heureux si le temps avait été ensoleillé. Grâce à notre magistral coup de chance en pouce, nous sommes au secs, nous n'avons plus à nous soucier de rien pendant les prochaines heures, et le hall d'attente de la compagnie, en plus de l'abris et de confortables fauteuils, nous fournit des prises électriques et le wifi illimité!

Nous avons de quoi nous occuper. Nous avons le temps de nous apercevoir que notre téléphone français n'est pas compatible avec notre carte sim néo-zélandaise, d'aller en acheter un nouveau dans le CBD (opération dont je sors passablement traumatisé tant l'agitation, la foule, les voitures et les hauts buildings tranchent radicalement avec les environnements calmes et verdoyants dans lesquels nous baignons depuis trois semaines), d'activer notre ligne téléphonique, et de travailler sur le blog.


A 21h, nous devons évacuer le terminal pendant une heure, et nous nous posons à l'abris d'un porche d'immeuble pour préparer nos pâtes.



A partir de 22h, je me pose avec Léonore et nous préparons le débarquement sur l'île sud.

Je vous disais que nous comptions vadrouiller le pays, mais qu'est-ce que ça signifie en Nouvelle Zélande? Ceux qui nous suivent savent depuis le temps que nous sommes, entre autres, de grands fanatiques de marches et de longs trecks perdus dans la nature. Peu de chose nous émoustillent plus, que la perspective de passer des jours à crapahuter en pleine nature loin de tout pour poser notre tente au milieu de nulle part. Et bien vous devez probablement savoir que la Nouvelle Zélande, c'est un peu le nirvana de la randonnée, l'apothéose des kilomètres à pied. Une légende de l'usure de semelle et des sentiers interminables de plusieurs jours, le tout dans un environnement sauvage et fantastique. Et l'île sud, c'est un peu la cerise sur ce gros gâteau... Le Cape Reinga, les Pinnacles, tout ça a constitué un sympathique échauffement, mais à présent, surtout après notre formidable et éreintante journée au Tongariro, il est temps d'attaquer les choses sérieuses. Voilà plusieurs années maintenant que, les yeux poser sur les cartes du pays, nous frissonnons d'impatience en voyant le nombre de balades qu'il est possible d'y faire!

Malheureusement, nos premiers objectifs en arrivant sur l'île sud sont plutôt du genre corvées et très éloignés de ces alléchantes perspectives...

Premier point : l'ouverture des comptes en banque. La tactique favorite des working holiday visas pour faire face aux nouvelles lois sur l'obligation de posséder une adresse de résidence pour ouvrir un compte est simple : prendre une chambre dans un backpacker hotel pour plusieurs nuits et espérer que le tôlier sera suffisament sympas pour rédiger une attestation de logement nominative. Vous vous en douter, la méthode nous fait énormément grincer des dents. Radins comme nous sommes, nous répugnons à débourser plus de 20$ chacun par nuit juste pour obtenir le maudit papelard. Malheureusement, nous ne pourrons sans doute pas y couper... Nous décidons pour le moment de procéder différement : prenant la chose comme un simple travail de prospection, nous dressons l'inventaire de tous les hôtels du nord de l'île où il est possible de poser la tente. Nous ne trouvons rien en-dessous de 17$, mais, c'est toujours moins cher que de prendre une piaule. Nous écumons ensuite les forums et les blogs de voyage pour voir quelles banques acceptent les lettres d'hôtel en tant que justificatif de domicile, et deux compagnies ont l'air de ne pas être trop regardantes sur la question : la Kiwi Bank et ANZ. Nous recoupons ensuite tout ça sur google map, pour nous construire un itinéraire de prospection incluant chaque ville qui comporte une branche d'une des deux banques et un hôtel où nous pourrons poser la guitoune. Nous attaquerons par Picton, dès que nous mettrons pied à terre.

C'est un début. Nous ne nous attendons pas à réussir facilement. Il nous faudra tomber sur un hôtel qui accepterait de nous faire la lettre sachant que nous dormons sous tente pour seulement quelques nuits, et le conseiller de la banque qui ouvrira nos comptes devra être suffisament relax pour ne pas tenir rigueur de l'évidence : nous n'habitons pas à l'adresse que nous allons indiquer.

Second point, le plus simple : après avoir ouvert un compte, il nous faut obtenir notre numéro IRD. Nous pouvons en faire la demande, normalement, dans n'importe quel bureau de poste.

Troisième point : si je suis emballé par l'auto-stop ici, ce n'est pas la cas de mes deux compagnons. Même s'il fonctionne du tonerre, voilà quelques temps que le voyage en pouce les fatigue, et ils veulent acheter un véhicule. En Nouvelle Zélande visiblement, il est facile de trouver une voiture pas chère et fiable, mais pour pouvoir conduire, Léonore doit faire traduire son permis en version anglaise approuvée. Oui, je sais, on aurait du faire une demande de permis international en France! Nous découvrons un traducteur officiel à Nelson, la plus grande ville de la côte nord. Il faudra y passer aussi.

Bref, que du bonheur en perspective... Nous nous consolons en nous disant qu'il faut bien y passer, et le plus tôt sera le mieux. Une dure journée nous attend demain, et nous aurons une nuit blanche dans les pattes pour l'affronter... C'est fou comme l'idée de vagabonder en ville de banques en banques pour ouvrir un compte nous déprime plus que de passer trois jours dans la forêt sous la pluie...

Nous pillons allègrement toutes les cartes de l'île sud et prospectus que nous trouvons dans le hall. Avec tout ça, il est l'heure d'embarquer. Arrivés sur le bateau, nous nous effondrons sur les sièges, et essayons de dormir une heure ou deux avant de nous lancer dans le vortex... Courage, au moins ce sera fait!


Pluie, paperasses et apathie


Nous avons l'impression d'avoir seulement cligné des yeux (ce qui est plus ou moins le cas) lorsque nous arrivons à Picton. Il est 6h du mat, et la tronche enfarinée, nous débarquons dans le village côtier, tout petit et niché entre de grandes collines couvertes de forêts, découvrant un parc face à la mer pour prendre le petit dèj en attendant l'ouverture des banques. C'est rageant, nous avons tellement de chose à faire, mais nous devons attendre en essayant de ne pas nous endormir sur place...



A 9h, Flo garde les sacs, et nous attaquons notre tournée, les yeux piquants. Ca commence mal : la Kiwi Bank n'est en fait qu'un comptoire dans la grande surface du bled, et il est impossible d'y ouvrir un compte, il faut nous rendre pour cela à la branche de Nelson. Quand à l'ANZ, c'est en fait un simple distributeur. De dépit, nous passons quand même dans deux autres banques, la Wespac (notre ancienne banque australienne) et la BNZ. Et si nous avions été moins fatigués, nous en aurions rigolé : dans les deux agences, on nous annonce qu'il nous faut d'abord trouver un travail avant de pouvoir ouvrir un compte. Vous voyez le ridicule dans tout ça? Pour ouvrir un compte en banque, il faut un employeur. Pour avoir un employeur, il faut un compte en banque et un numéro IRD. Pour avoir un numéro IRD, il faut un compte en banque. On a dépassé le stade du serpent qui se mort la queue... Et nous n'avons même pas évoqué le justificatif de domicile! Absurde. Tout simplement absurde. Crénom de système...

C'est pas tous les jours facile de rester poli sur ce blog. Non parce que il y a la journée d'aujourd'hui, mais il faut aussi se rappeler de tout ce que nous avons déjà dû faire en novembre dernier pour avoir ce satané visa : entre autres, débarouler du Laos jusqu'au Cambodge et nous craquer de 90$ chacun pour nous faire radiographier les poumons! Pour ceux qui prennent le train en route, je conseille d'aller jeter un oeil à nos articles sur les 4000 îles et l'arrivée à Phnom Phen. Une histoire assez marrante... Bref.

Même si nous nous attendions à ne pas réussir du premier coup, nous sommes un peu plombés. Evidemment, le manque de sommeil n'aide pas...

Nous décidons de passer tout de même à l'hôtel que nous avons repéré durant nos recherche, le Tomb Stone Backpacker. Au moins, nous pourrons peut-être obtenir la lettre... Sur place, il est effectivement possible de poser la tente... Pour 20$ par personne! Quelle blague. Nous demandons quand même si quelqu'un peut nous fournir un justificatif de domicile, mais la patronne confirme nos craintes : elle ne veut pas s'engager si nous ne prenons pas au moins des lits dans le dortoir pour plusieurs nuits. Nous n'insistons pas et mettons les voiles.

Nous rejoignons la route en silence, et levons le pouce. Bien sûr, pour que nous savourions pleinement ces moments magiques, un vieux crachin se met à tomber, histoire de parfaire le tableau... Prochaine étape, Nelson, à une centaine de kilomètres à l'est. Là-bas, nous sommes sur de trouver des agences de toutes les banques que nous voulons, en revanche nous n'y avons repéré aucun hôtel qui permettait de poser une tente...

Le stop nous console : un premier homme nous fait parcourir la moitié du chemin, puis un deuxième nous pose dans le centre de Nelson... Evidemment sous la pluie! Une bonne pluie bien drue, bien froide, bien ininterrompue. Voyagez qu'ils disaient!

Nous nous traînons dans le centre de Nelson, et passons au centre de traduction histoire d'accomplir au moins l'un de nos objectifs de la journée. Nous sommes vendredi, et le permis de Léonore sera traduit dans une semaine. Au moins une chose de faite! Dans la foulée, nous repérons un hôtel proposant des lits en dortoir pour 19$. Nous avons notre dernier recours...

Nous nous réfugions à la bibliothèque. Nous sommes senses rejoindre Motuheka, plus à l'est, pour continuer notre prospection, mais tandis que nous affalons à l'abris, toute motivation nous quitte. Nous voilà de nouveau trempés, épuisés, nous ne savons ce qui nous attend là-bas, et la perspective de retourner lever le pouce sous la pluie battante nous plombe. Une bonne vieille sensation s'insinue doucement : nous ne savons pas ce que nous voulons faire, et nous n'avons pas envie d'y penser. Nous sommes du côté obscure de l'indécision, et nous savons que ce genre d'état d'esprit est dangeureux quand il faut avancer. Il est inutile mais persistant, collant, fait perdre du temps, empêche de réfléchir, et démoralise.

Pour en sortir, il faut se bouger, être constructif, et fixer des objectifs pour se recentrer : Léonore passe au centre d'informations tandis que nous furetons sur internet, et revient avec une carte et des indications pour rejoindre un camping à 10$ la nuit, situé à 6 kilomètres du centre-ville, le Maitai Valley Motor Camp. Nous avons atteint le milieu d'après-midi, et après un petit conciliabule, nous décidons de nous y rendre pour nous poser et réfléchir à la suite.

Aller les jeunes, plus qu'une heure de marche sous la flotte... Je prend la carte, un petit coup de boussole, et nous nous mettons en route d'un pas rapide vers la sortie de la ville. L'auto-stop s'occupe encore de nous (qu'est ce qu'on ne ferait pas sans lui!), et une voiture nous emmène jusqu'au camping, au bord d'une rivière, perdu entre deux collines couvertes de forêts.

Nous payons une nuit, profitons d'une accalmie pour monter les tentes, et nous écroulons dans la cuisine devant de grosses tasses de thé chaud et bien sucré. Ca va tout de suite mieux!

Nous remettons nos missions au lendemain. Cela fait longtemps que nous ne nous étions pas repenchés sur ce que nous voulions faire dans l'île sud avant d'attaquer le boulot, et nous nous livrons à une petite séance de remotivation. Nous sommes sur l'île sud, nom de nom!

Nous déplions donc les cartes et les prospectus que nous avons récupéré en venant ici, et retrouvons des noms de parc qui nous avions repéré, des itinéraires à suivre, nous programmons des plans sur la comète, posons des dates au pif, organisons les priorités. Nous repérons sur une carte de l'île toutes les marches que nous avions prévu de faire, et la flamme se fait plus vive, tandis que nous prenons conscience que toutes ces randos légendaires qui nous font baver depuis des années sont aujourd'hui toutes proches : l'Abel Tasman, le Nelson Lake National park, l'Arthur's Pass, les fjords, le Mont Cook et le glacier Fox...

Nous nous recentrons sur ce que nous sommes venus faire ici, nous voilà des idées plein la tête, une foultitude de chose à faire en perspective... Bref, notre esprit n'est plus occupé seulement par des formalités administratives ou les prévisions météo pourries, et nous retrouvons le sourire!

Le soir venu, au camping, nous commençons a nous dire que nous allons devoir prendre une chambre en ville pour obtenir ce maudit justificatif de domicile... Nous décidons de passer le lendemain à l'hôtel repéré plus tôt pour nous assurer qu'au moins nous pouvons y obtenir la lettre d'attestation, et si c'est le cas, nous y migrerons après-demain. De dépit, nous envisageons, en tant que solution d'urgence avant le dernier recours de l'hôtel, de demander si par hasard les proprios du Maitai Valley, où nous avons poser le camps pour moitié moins cher qu'une chambre en dortoir, peuvent nous fournir un quelconque justificatif de domicile acceptable. Nous imaginons la réaction de la banque : "adresse : la tente verte entre les toilettes et la rivière"...

Et cette maudite pluie qui n'arrête pas de tomber, sans interruption, à chaque heure du jour et de la nuit... C'est un couple qui gère le campsite, je passe voir le mari au matin pour lui exposer nos déboires bancaires avec mon plus bel air de pauvre petit voyageur éploré... Et la situation amorce un semblant de début de soupçon d'ombre d'un éventuel possible débloquage. Le gars est très compréhensif, me demande combien de temps nous comptons rester, et me promet d'en parler à sa femme. Nous lui laissons nos noms, et il nous propose de repasser en fin d'après-midi. Nous mettons l'hôtel de côté pour le moment. Si sa femme accepte de nous faire la lettre... Et si elle est conforme... Et si la banque accepte une adresse de camping en tant qu'adresse de résidence...

En éternels et irréductibles optimistes, nous partons du principe que ça va passer, nous partons lever le pouce sous les averses pour Nelson et passons une nouvelle journée en ville, à l'abris de la bibliothèque, pour nous préparer une petite vadrouille dans les jours qui viennent le temps que le permis de Leo soit près. Le soir venu, nous voilà de retour au bureau du camping, la gérante vient nous voir avec un grand sourire, et nous tend nos sésames : de belle lettres tout ce qu'il y a de plus officielles, avec en-tête et pied de page, certifiant que nous résidons sur le long terme au camping! Cela ne fait que deux nuit que nous sommes là!

Lorsque nous nous couchons, plein d'espoir, même la pluie qui tombe maintenant depuis deux jours sans discontinuer nous est égale... Demain, peut-être que nous en finirons avec ces saletés de paperasses!

C'est durant la nuit qui suit que la chose arrive. A minuit, quelque chose me réveille. Nous sommes le 13 novembre, et la tente bouge dans tous les sens. Ce n'est pas le vent, c'est le sol. Attendez... Le sol?! Je me redresse, Léonore ouvre les yeux, et nous sentons la terre trembler, de gauche à droite, puis d'avant en arrière, tandis que tous les réverbères du camping s'éteignent... Punaise, il y avait déjà la pluie, et voilà que nous nous prenons un tremblement de terre dans les dents! Les secousses s'arrêtent au bout de quelques secondes, et nous nous recouchons. Au moins, nous sommes en pleine forêt, loin de tout bâtiments, et notre maison ne crains pas ce genre de chose... Plusieurs répliques nous secouent au cours de la nuit, dont une assez violente vers deux heure du matin. Ca fait drôle!

Au réveil, nous trouvons la télé de la cuisine du camping en plein flash info, et les images sont effrayantes. Visiblement, ce que nous avons senti pendant la nuit n'était rien : le tremblement de terre a fait des ravages sur la côte est, au-dessus de Christchurch, et jusqu'à Wellington, sur l'île nord, les secousses ont entraîné beaucoup de dégats matériels. La petite ville de Kaikura, à seulement 300 kilomètres de Nelson, est coupée du monde à cause des routes détruites, et une victime est à déplorer. Là-bas, les secousses ont atteint une magnitude de 7,5, tandis que chez nous elles n'ont pas dépassé 4. Le pays est au point mort, aucun transport ne fonctionne, toutes les écoles sont fermées, le CBD de la capitale est déserté, et plusieurs routes sont coupées. Toute l'île sud est en alerte tsunami, et les autorités, craignant de nouvelles repliques, demandent à tout le monde de rester chez soi et de se tenir informer jusqu'à nouvel ordre...

Nous stoppons tout de même jusqu'à Nelson et localisons la Kiwi Bank. Fermée pour inspection de sécurité. Ici, seul quelques bâtiments ont été endommagés par les secousses, mais beaucoup de magasins sont fermés. Nous filons à la bibliothèque, attendant que la banque ouvre.

Dehors, la pluie tombe, comme elle le fait sans interruption depuis que nous avons posé le pied sur l'île... Plein d'espoir, nous consultons les prévisions météo... Et la dépression nous frappe : aucune amélioration de prévue pour les quatre prochains jours! Il ne sert à rien de ruminer, nous ne pouvons rien changer au temps qu'il fait, mais quand même... Mortifiés, nous regardons d'un oeil vide les petits icônes de gouttes d'eau, de nuages noirs et d'éclairs qui s'alignent sur l'écran de l'ordinateur, et reconsidérons nos plans balades immédiats : nous n'allons pas nous lancer dans des vadrouilles hasardeuses par un temps pareil, nous sommes en alerte tsunami, plusieurs routes sont coupées... Nous décidons, bien à contrecoeur, de nous mettre en stand by dans le coin jusqu'à ce que les choses se tassent.

Un événement vient nous remonter le moral dans l'après-midi : la Kiwi Bank a rouvert ses portes... Nous rejoignons fébrilement l'agence, espérant que nous y vivrons la conclusion du péplum de l'ouverture de compte. C'est là que tout se joue!

Nous sommes accueillis par un conseillé bien sympa, qui sourit lorsqu'il pose les yeux sur notre justificatif de domicile en papier mâché, mais qui ne se formalise pas. La lettre du camping passe, et après quelques minutes, ça y est, enfin, nos comptes banque sont ouverts! Nous n'aurons pas perdu notre journée, et nous sortons de la banque, brandissant fièrement nos cartes de crédit toutes neuves, avec l'impression d'avoir accomplit un exploit extraordinaire. Ce qui est d'ailleurs plus ou moins le cas. Et c'est quand même génial de voir le niveau de classe de notre adresse de résidence officielle néo-zélandaise, qui s'étale élégamment sur nos relevés de compte : "bloc de tentes D, Maitai Valley Campsite"! C'est un rêve qui se réalise : nous résidons officiellement sous tente! Une bonne chose de faite.

Les jours suivants se suivent et se ressemblent. Nous nous habituons petit à petit à être humides en permanence. Nous nous levons sous la pluie, nous nous couchons sous la pluie. Entre les deux, nous levons le pouce sous la pluie pour nous poser à la bibliothèque de Nelson, et pour rentrer au camping le soir. Le positif dans tout ça, c'est que nous n'attendons jamais un lift bien longtemps. Nous ne sommes qu'à 6 kilomètres de la ville, nous ne trimballons pas nos gros sacs, et nos airs de chiens mouillés abandonnés au bord de la route doivent attendrir les automobilistes.

Et puis c'est comme d'habitude dans ce genre de situation. Dans un sens, nous sommes bien, avec notre camping et sa cuisine, la ville proche et son internet, plein de conducteurs sympas qui nous évitent 12 kilomètres à pied chaque jour... Mais l'inactivité et la grisaille permanente nous usent. De mon côté, je plonge dans un état végétatif avancé, ne rêvant que de forêt, de marche et d'escapades sauvages...

Ces quelques jours sont pourtant loin d'être improductifs, et malgré le temps exécrable, nous avons tout de même de quoi nous occuper à la bibliothèque : comme je le disais, selon nos plans, notre mois de vacances arrive bientôt à son terme, et nous commençons à ratisser les sites de petites annonces pour trouver du travail, nous écumons les cartes de la région pour localiser, lister et contacter les producteurs de fruits des environs, et nous envoyons nos premières candidatures pour des jobs de cueillette, visant les cerises et les pommes. Nous fouinons sur les petites annonces des journaux et les sites et groupes de vente sur le net pour trouver une voiture d'occasion à moins de 2000$ dans les parrages et contactons plusieurs vendeurs. Nous nous fixons un budget compris entre 1000 et 1500$.

Nous faisons nos demandes des fameux numéros IRD, indispensable au travail dans le pays puisqu'indiquant que nous sommes bien enregistré au bureau des taxes, recevons rapidement quelques réponses prometteuses de fermiers qui nous mettent en attente, et repérons une voiture qui pourrait convenir à nos besoins et notre budget. Lorsqu'en plus nous nous apercevons que la météo s'annonce bien meilleur sous peu, nous reprenons courage. Après tous ce temps sans bouger, nous sommes en manque sérieux d'escapades, il va nous falloir du lourd pour nous rassasier et nous dégourdir les pattes quelques jours avant de nous lancer sérieusement dans la recherche de boulot!

Comme je le disais, nous comptons bien laisser quelques centimètres de semelle sur les chemin de Nouvelle Zélande. Parmis les balades que nous ne voulons pas rater dans le pays se trouvent quelques-unes des 9 Great Walks néo-zelandaises. Sous ce doux nom se cachent les 9 trecks de plusieurs jours les plus beaux du pays. Nous comptions en parcourir certains plus tard, mais finalement il nous faut quelque chose de grande envergure pour balayer proprement la frustration causée par une semaine de stagnation totale!

Pour renouer dignement avec la crapahute, nous choisissons donc l'un d'entre eux, tout proche : l'Abel Tasman Coastal Track, une traversée en autonomie de 60 kilomètres, prenant 3 à 5 jours, parcourant la côte du parc national du même nom, à 65 kilomètres à l'ouest de Nelson. Nous décidons de la parcourir dans le sens sud-nord, en partant du petit village de Marahau. Pourquoi spécialement maintenant? L'itinéraire est plus que célèbre, et très prisé des touristes, or la haute saison approche et nous voulons éviter la foule. Ensuite, 4 jours d'un temps magnifiques sont prévus sous peu dans le parc.

Pour plus d'informations sur l'Abel Tasman Coast Track, suivez ce lien.

Qu'il en soit ainsi! Une fois de plus, nous expérimentons le business touristique mis en place par le gouvernement : en tant que Great Walk, des emplacements de camping précis jalonnent le parcours, et il est interdit de poser sa tente ailleurs que sur ces sites dédiés, ce qui du point du vue de la conservation du coin se comprend parfaitement. Mais il est aussi nécessaire de prévoir et de réserver les sites de camping où l'on compte faire étape, et de les payer en avance, à raison de 14$ par nuit. Une fois les sites selectionnés et réservés, impossible de dormir ailleurs sous peine d'amende!

Nous n'avons pas vraiment le choix : nous coupons la poire de la durée en deux, partons pour 4 jours et 3 nuits dans le parc, puis étudions la carte du tracé pour sélectionner et réserver nos campings, grinçant un peu des dents. Le procédé est trop carré et cher pour déjà enlever un peu de plaisir à la perspective d'aller crapahuter là-bas... Nous choisissons les dates pour la semaine suivante, en fonction de la météo. Si elle ne se gourre pas (ce qui est parfaitement envisageable dans ce pays...), nous profiterons d'un temps parfait pendant la rando. Mais ne crions pas victoire trop vite... A nouveau, Florian ne désire pas venir avec nous, et il nous propose de le déposer à Motuheka, la grande ville la plus proche du parc.

La recherche d'un véhicule nous prend quelques temps. S'il est facile de dénicher une bonne affaire dans le pays, nous ne sommes bien sûr pas à l'abris d'une arnaque qui nous claquerait entre les pattes après quelques kilomètres. Et ce ne sont pas nos maigres connaissances en mécaniques qui vont nous aider... Nous furetons un peu partout sur la toile, dénichant des offres dans notre budget, et comblons nos lacunes techniques en nous gavant de sites de conseils sur toutes les vérifications de base avant l'achat. La magie d'internet! Nous trouvons bientôt une proposition alléchante pour une opel vectra de 1995 à 1500$, disponible sur Nelson, et disposons des connaissances de bases sur les contrôles de routine à effectuer pour tester la voiture. Les choses ne pouvaient alors pas mieux se dérouler : nous rencontrons la proprio, et c'est le coup de chance. Elle a été chargé par son petit ami, rentré en Europe, de vendre la voiture, en échange de quoi elle peut garder l'argent de la vente. Elle parait très impatiente d'en finir avec cette histoire, et elle n'a pas investit personellement d'argent dans l'affaire. De parfaites dispositions facilitant la négociation... Nous contrôlons le véhicule, l'essayons, tout est en excellent état et la voiture roule parfaitement. Nous attaquons, satisfaits, la négociation, n'ayant pas du tout l'intention d'acheter une bagnole 1500$. Le marchandage sera de courte durée, notre voyageuse étant vraiment pressée de vendre le véhicule, et n'ayant pas d'argent à perdre... Et nous le décrochons pour 1200$! 900 euros, soit 300 par personnes! Admirez la bestiole...



Nous voilà véhiculés. Productifs, je vous dis!

Durant ces quelques jours, tout le monde ne parle que du tremblement de terre, qui fait la une de tous les journaux et constitue le principal sujet des chaînes télévisées. Les routes réouvrent petit à petit, et l'armée elle-même évacue les habitants de Kaikura. L'alerte tsunami est bientôt levée, mais pendant plusieurs jours après le fameux soir, nous sentons régulièrement des répliques...


Les affaires reprennent!


Finalement, un matin, nous nous réveillons et sortons prudemment de nos tentes, subjugués par l'aspect étrange et inhabituel du ciel... Pourquoi de l'eau n'en coule-t-elle pas? Quelle est donc cette étrange couleur bleue? Et cette grosse boule de lumière qui nous réchauffe la couenne? Mais... Attendez... Serait-ce possible... Nom d'un chou il fait beau! Aaaaaaah!!!

Nos jambes cavalent toutes seules sur le premier sentier que nous trouvons, en direction de Nelson. Il fait chaud, il fait beau, et nous gambadons dans la campagne en profitant des rayons du soleil. Nos pas nous conduisent, avant de redescendre sur la ville, au centre géographique du pays. Sans parler de la symbolique du lieu (d'un inintérêt total, vous en conviendrez...), la vue sur les alentours vaut le coup.



Plein de fougue et d'ardeur, nous décidons de passer chez le traducteur pour l'embêter un peu et voir où en est le permis de Léonore... Et le fonctionnaire, croyant que nous sommes pressés, nous fait patienter 30 minutes pour terminer la traduction! C'est le signal que nous attendions...

Dès le lendemain matin, nous récuperons notre nouvelle voiture, passons à la poste pour effectuer le changement de propriétaire (d'une simplicité déconcertante...), et mettons enfin les voiles. Ca y'est, enfin, nous bougeons!

Nous flottons dans le bonheur : un soleil radieux brille au-dessus de nos têtes, toutes nos formalités administratives sont réglées, nous avons quelques ouvertures pour du travail, nous avons dégoté une très bonne affaire en dénichant la voiture, et nous nous apprêtons à partir marcher 4 bons gros jours d'affilés pour effectuer l'une des plus belles balades du pays! Après nous être chargé de toute la nourriture nécessaire, nous nous accordons un petit barbecue sur la plage puis roulons vers l'est le long de la côte, quittant enfin Nelson. Après une semaine d'un temps exécrable, qu'il est bon de retrouver le bleu du ciel!


Nous attaquons l'Abel Tasman le surlendemain, et nous localisons un camping gratuit à une heure de route de Nelson, près du village de Woodstock, au bord du Kahurangi National Parc, le Mc Lean Recreation Reserve. Après avoir parcouru, cheveux au vent, des étendues de campagne toutes plus belles les unes que les autres, verdoyantes et vallonnées, avec en toile de fond un dècors de montagnes et de forêts de sapins, nous découvrons une vaste étendue d'herbe, perdue entre des collines boisées, en bordure de rivière.

Nous profitons de la rivière pour nous rincer, nettoyer nos tentes bien puantes après une semaine sous la pluie, et nous lancer dans une nouvelle et désastreuse tentative de pêche promptement avortée... Je précise que nous n'avons pas de canne, je pêche à la main, sur une ligne fabriquée de toutes pièces, non plombée et appâtée aux miettes de pain.



Au matin, nous ne pouvons pas attendre l'Abel Tasman pour partir crapahuter, et nous décidons de nous trouver un petit échauffement en prévision de nos quatre jours de marche pour occuper la journée d'attente, selon la méthode qui a fait ses preuves : le pif total. Sur nos pauvres cartes touristiques, nous repérons une ligne de pointillés qui s'enfonce dans le parc de Kahurangi, et décidons d'aller jeter un oeil sur place pour voir quelles surprises nous y attendent.

En nous disant que décidément, on devrait plus se renseigner avant de débouler comme des fleurs n'importe où, nous mettons à l'épreuve notre nouvelle monture sur roues lorsqu'après quelques kilomètres de route goudronnées, nous lui faisons grimper un chemin de gravier et de cailloux bien pentu et escarpé. La bougresse s'agrippe vaillament à la route, et s'en tire avec les honneurs!

Nous découvrons ainsi, perdu dans la montagne, un parking et le départ de plusieurs balades dans le parc. Nous sélectionnons une boucle de 4 heures, qui devrait nous faire passer au sommet du Mt Lodestone, 1400m, et commençons la grimpette dans l'inconnu. Dans ce pays, nous sommes sur d'au moins une chose : nous n'avons que peu de chance d'être déçus!

Et nous ne le serons pas. Le sentier que nous escaladons grimpe fort, à travers une épaisse forêt qui nous offre un nouveau décors, toujours ensorcelant, toujours ensorcelé...



Et comme d'habitude, ce cadre se renouvelle tous les cent mètres, ouvrant parfois sur de fantastiques points de vue sur la baie en contrebas.



Le sommet nous propose un fabuleux panorama à 360 degrés sur la cête et le parc. Perchés là haut, de délicieux picotements dans les mollets et le coeur léger, nous savourons le retour à la nature, à la grimpette, à la montagne. 



La redescente dans les gorges qui s'ouvrent en contrebas est raide et sportive, mais toujours aussi belle.



En fin d'après-midi, ravis, nous rejoignons notre camping pour préparer l'Abel Tasman. Grâce à la voiture, nous ne sommes plus obligés de nous trimballer tout notre barda, et nous dressons un inventaire des provisions et du matos nécessaires pour quatre jours coupés du monde. Nous réduisons l'aspect logistique à son minimum : l'Abel Tasman est une traversée, pas une boucle, il nous faudra donc laisser la voiture au début de l'itinéraire, et lever le pouce de l'autre côté pour y retourner. Au cas où le stop ne fonctionne pas, nous prévoyons une journee de vivres supplémentaires.


L'Abel Tasman Coastal Track


Le lendemain, les réveils sonnent à 5h du matin, nous plions rapidement le camp et mettons les voiles. Sur le trajet, nous ramassons notre premier auto-stoppeur! Premier arrêt : la ville de Motuheka, juste en-dessous du parc. Flo sera comme un coq en pâte ici : un bon petit camping tout confort et une bourgade grande mais pas trop avec tout ce qu'il faut. Nous serrons notre ami dans nos bras, et reprenons la route.

Après une trentaine de bornes supplémentaires, nous atteignons Marahau, au bord de la mer, déposons la voiture, et rejoignons le départ de l'Abel. Sous un ciel d'un bleu pur, au milieu d'une longue plage désertée par la marée et entourée de collines couvertes de jungle, notre exultons. C'est parti pour 4 jours d'escapade en nature! Et de la manière que nous préférons : hormis pour l'eau, nous sommes en autonomie complète.



Nous découvrons ce qui va constituer la caractéristique principale du treck : l'itinéraire côtier alterne passages en jungle native, points de vue sur le littoral, et traversées de plages de sable doré bordées d'eaux cristallines. 



C'est magnifique. La jungle présente une flore extrêmement riche et variée, toutes les espèces présentes sont natives du pays, et nous nous gorgeons de verdure, profitant d'autant plus qu'il n'y a vraiment pas grand monde!

En revanche, au fil de la matinée, quelque chose se met à nous titiller de plus en plus... Déjà, le chemin que nous suivons est presque complètement plat, très dégagé, et se laisse parcourir sans effort. Ce qui n'est pas à proprement parlé une mauvaise chose, même si en fait de treck, le début de notre périple s'apparente plutôt à une gentille petite promenade dans un décors de carte postale. Nous mettons bientôt le doigt sur sur le problème : nous comptions manger à l'Anchorage Bay, à trois heures de marche de Marahau... Sauf qu'après seulement une heure, nous croisons un panneau qui annonce la baie à seulement 45 minutes.

La voilà la tuile, qui va se vérifier par la suite : nous avons prévu beaucoup, beaucoup (mais alors beaucoup!) trop large dans nos estimations de temps de marche, et nous avons de loin surestimé la difficulté du parcours tout en sousestimants nos propres capacités. Résultat : malgré toutes nos pauses photos et nos arrêts contemplatifs, nous survolons littéralement le sentier et arrivons en vue de l'Anchorage Bay avec une heure d'avance sur nos prévisions, morts de rire...

Tandis que nous approchons de la baie, autre chose nous fait un peu tiquer. Si nous avons été relativement tranquille jusqu'à présent, le chemin se couvre peu à peu de groupe de touristes, de jeunes en sortie scolaire, de cyclistes... Il s'avère que l'Abel Tasman Coastal Track n'est pas la seule façon de parcourir le parc. De nombreuses agences touristiques proposent des tours de ses plus belles plages en bateau ou en kayak, et L'Anchorage Bay doit faire partie des étapes, car plus nous approchons, plus la population se densifie...

Lorsque nous débouchons sur la fameuse baie, fort belle au demeurant, nos soupçons se confirment : des dizaines de kayaks sont échoués sur le sables, et de nombreux bateaux de toutes tailles déchargent une foule de visiteurs sur le sable.



Nous qui nous attendions à être récompensés d'une matinée de marche par la découverte de petites criques abandonnées et coupées du monde, nous en sommes pour nos frais... Espérons qu'il n'en soit pas de même de partout.

Vu l'heure, nous prenons tout notre temps pour nous trouver un joli coin pique-nique, bouquiner, profiter de la plage, et revoir nos estimations pour l'après-midi. Nous avions prévu 3 heures pour rejoindre notre premier camping, mais considérant notre vitesse moyenne et la distance qui nous en sépare, nous y serons en milieu d'après-midi... Nous éclatons de rire, comprenant que le "treck" est définitivement du genre balade très accessible.

Après le repas, nous longeons la baie sur toute sa longueur et quittons la côte pour rejoindre le sentier en direction de la Cleopatra Pool, un bassin formé dans le lit d'une rivière en plein coeur de la forêt.



Sur place, le cours d'eau en question présente une étonnante couleur vert fluo.



Nous remontons le cours de la rivière pour déboucher sur le fameux bassin. Nous ne restons pas longtemps, l'endroit étant justement tellement fameux qu'il est plein de monde... Nous fuyons.



Dès que nous quittons l'endroit pour continuer notre route en revanche, le sentier redevient presque désert. C'est donc ainsi que les tours organisés fonctionnent : les bateaux déposent les visiteurs sur une plage, leur laissent une heure ou deux pour explorer un peu les alentours, avant de les récupérer pour la plage suivante.

Au moins nous serons tranquilles tant que nous restons à distance des plages les plus visités.

Nous marchons le long de la côte, profitant de beaux panorama sur la Torrent Bay, une petite crique qu'il est possible de traverser à pied à marée basse, mais qui à cette heure est pleine d'eau, et du coup beaucoup plus sympa à admirer!



Au bout de la baie nous attend notre camping. Et il est seulement 15h passé. Et impossible de continuer pour dormir au camp suivant, nous avons déjà réservé celui-ci... Et bien c'est les vacances! Plus que tranquille cette première journée.

Nous posons la tente littéralement à deux mètres des vagues, dans un petit écrin de verdure, et prenons le thé avant de partir explorer la zone. Nous découvrons de nouvelles plages bordées de falaises, l'endroit est d'un calme absolue, et seul le vent, les vagues et les oiseaux troublent joliement le silence.



Il est temps de nous réessayer, une fois de plus, à la pêche! C'est important la persévérance... Comme d'habitude, l'échec est total : je commence sur un ponton mais le vent m'empêche de lancer correctement la ligne.



Je finis par virer le bouchon, farfouille aux alentours et me rafistole une ligne de fond plombée avec un vieux clou trouvé sur plage. La chose fonctionne plutôt bien jusqu'à ce qu'un jet complètement raté, digne de Perceval le Galois, ne catapulte l'hameçon derrière moi, en plein dans la veste de Léonore, à quelques centimètres de sa peau... Nous en resterons là pour ce soir.

Nous terminons l'après-midi sur la plage, le regard perdu dans les vagues, profitant du calme avant d'engloutir nos nouilles et de nous coucher.

Compte tenu de la rapidité avec laquelle nous avalons les bornes, nous décidons de prendre tout notre temps au réveil, ce qui parait être en parfait accord avec l'esprit de la balade : grasse matinée, petit déjeuner devant la mer... Tels de gentils vacanciers! Le temps est somptueux, il n'y a pas un nuages, le soleil brille, mais la température reste fraîche et parfaite pour la marche.


En bons promeneurs du dimanche, nous quittons Torrent Bay vers 10h et prenons de la hauteur.  



Les passages à l'intérieur des terres présentent comme d'habitude une étonnante diversité et se renouvellent continuellement, sans jamais lasser place à la lassitude : nous traversons plateaux couverts de buissons, forêts de grands arbres épars, jungle dense et tropicale... La flore est incroyablement variée, et des dizaines d'espèces differentes se partagent le terrain dans un fouillit de formes et de couleurs.



Nous franchissons de nombreuses rivières à l'eau limpide qui se fraient un chemin jusqu'à la mer.



Les plages d'or frangées de turquoise et d'émeraude restent fidèles à elles-mêmes.



Nous gardons le rythme surdétendu adopte depuis le début de la journée : gambadants joyeusement dans la forêt, nous multiplions les pauses pour écouter le chant des oiseaux qui forment ici de véritables symphonies avant de rejoindre la plage suivante et de nous poser dans le sable.

Ce qui ne nous empêche pas d'arriver au milieu de notre trajet de la journée à 11h30... Il va devenir difficile d'aller plus doucement! Nous sommes à la Bark Bay, visiblement une étape importante des tours organisés considérant le nombre de visiteurs sans gros sacs que nous croisons, et nous squattons l'une des nombreuse tables de pique-nique pour bouquiner et dévorer nos sandwichs. A nouveau, en consultant nos cartes, nous nous apercevons qu'à ce rythme, nous sommes partis pour rejoindre Onetahuti, notre coin camping du jour, en début d'après-midi...

Et bien jouons le jeu! Nous nous affalons sur la plage de Bark Bay et nous faisons dorer la pilule, à moitié somnolents, jusqu'à 14h...

Nous repartons sans nous presser, quittant le bord de mer pour nous enfoncer dans de belles plaines de sable abandonnées par la marée descendante, avant de remonter dans la forêt.  



Et à 15h, nous arrivons à destination. Définitivement, nous avons décidé de faire la balade en 4 jours pour ne pas avoir à nous presser, mais nous nous rendons compte que même en 3 jours, à cloche-pied et en tongues, nous n'aurions pas eu à bourriner et nous en aurions tout autant profiter! La chose ne nous poserait pas forcément de problèmes si la nuit n'était pas facturée 14$ par personne...

Le campsite d'Onetahuti est un nouveau petit coin de paradis, avec sa pelouse à quelques mètres d'une plage somptueuse entourée de jungle luxuriante. Je tente une baignade, vite avortée par la température glaciale de l'eau, et nous nous préparons un thé que nous sirotons les orteils dans le sable. Nous profitons d'une petite rivière toute proche, cachée dans la forêt, pour prendre un bain, et finissons l'après-midi sur la plage, profitant du joyau de nature dans lequel nous trouvons, repensant à toutes les plages paradisiaques que nous aura montrer notre Petit Tour.



Au matin, nous faisons sonner les réveils à 5h30 pétantes. Pourquoi tant de haine, pourquoi nous lever si tôt alors que nous savons pertinament que l'étape du jour ne va pas nous prendre plus de 4 heures? Nous nous sommes dis que la plage sublime sur laquelle nous avons fini la journée d'hier devait être magique au lever du soleil, et quand l'horizon commence à s'embraser, dans le calme de velour du petit matin, nous constatons que grand bien nous en a pris...



De plus, nous devons traverser ce matin la Awaroa Bay, et le passage ne peut se faire qu'à marée basse, en milieu de matinée.

Nous passons plusieurs plages, grimpons dans les forêts...



... Et débouchons sur la baie, qui vide à cette heure forme une vaste plaine de sable humide parcourue de quelques rivières et entourée de colines boisées. Nos pieds s'enfoncent dans le sable mouillé, et nous devons quitter nos chaussures pour traverser les rivières en prenant garde de ne pas nous blesser sur les milliers de coquillages qui jonchent le sol.



Nous continuons notre périple à travers forêts et belles zones marécageuses, avant de nous renfoncer dans la jungle puis de passer de nouvelles plages bordées de falaises et de rochers.



Nous débouchons enfin sur la magnifique plage de Totaranui, au bord de laquelle se trouve notre étape pour la derniere nuit de notre balade.  



Oui, sauf qu'il est... Midi.

Là, soyons francs, même en prenant tout notre temps et en trainassant dans ce cadre idylique, nous nous ennuyons un chouia au cours du long après-midi qui s'ensuit...

Non parce que déjà le combo plage-bronzette-lecture-thé-baignade lasserait n'importe qui au bout de quatre heures, mais il s'avère qu'en plus je n'ai jamais été particulièrement fan de plage, et que je commence sérieusement à en avoir ma dose.

Enfin bon, tout est relatif. Nous sommes quand même dans un sacré paradis pour passer notre dernière nuit, et nous passons quelques temps, assit dans le sable d'or, face aux vagues, à refaire le monde et à evoquer de vieux souvenirs de voyage, nous disant que décidement, on en voit des choses!

Au matin de notre dernière journée, nous nous levons encore aux aurores. Le lever de soleil de la veille nous a tant taper dans l'oeil que nous en reprendrions bien un morceau, et nous voulons achever la balade le plus tôt possible pour tenter de ralier Marahau et la voiture aujourd'hui. Mais surtout, nous voulons être tranquille et prendre tout notre temps pour profiter d'un des spots que nous attendions le plus sur l'Abel Tasman, en grands fanatiques d'animaux que nous sommes, et qui devrait conclure magistralement ces quatres jours de crapahute : le Separation Point, ensemble de falaises un peu à l'écart du chemin principal où a élu domicile... une colonie de phoques!



A 6h30, nous nous mettons en route à travers des plaines verdoyantes et des plages qui semblent sortir tous leurs plus beaux atours pour nous en mettre plein la vue avant notre départ.



Nous bifurquons bientôt pour rejoindre le Separation Point. Il n'y a personne, et nous avançons à pas feutrés, en silence, le long des falaises qui surplombent la mer, pour déboucher bientôt sur une petite terrasse couverte de buisson à une vingtaines de mètres au-dessus des vagues. 



Nous ne pouvons pas descendre jusqu'aux grêves rocheuses qui s'étalent en-dessous : elles servent de cadre à un programme de réinsertion d'une espèce rare d'oiseaux, les gannets d'Australasie. Du sommet de notre corniche, nous zieutons de tous côtés dans l'espoir d'apercevoir des phoques, mais seuls des oiseaux se montrent... Ou se cachent donc les grosses bestioles? 

Léonore traverse un buisson pour rejoindre l'autre bord de la terrasse, et me fait signe de venir, un grand sourire aux lèvres... En contrebas, parmis un chaos de gros blocs de roche battus par les vagues, nous les voyons enfin!



Ils sont une dizaine, affalés paresseusement sur les rochers, lézardant sous les rayons du soleil levant, digérant probablement après une nuit de chasse. Nous exultons en silence pour ne pas les déranger dans leur sieste, et restons un bon moment à les observer. Ce n'est pas tous les jours que nous avons un spectacle pareil sous les yeux!

Nous devons littéralement nous arracher à notre terrasse. Pouvoir apercevoir des phoques et des otaries dans leur milieu naturel était l'un de nos souhaits en venant en Nouvelle Zélande, et nous sommes ravis!

Nous avalons les 6 derniers kilomètres de marche en une heure. La fin de la balade reste belle, mais ne vaut pas les trois jours que nous avons passer dans le coeur du parc.  



Dans l'ensemble, nous aurons apprécié l'Abel Tasman Coastal Track, même si la fameuse great walk nous aura interpellé plus d'une fois, et que nous aurons du faire abstraction de pas mal de défauts.

Mettons un moment de côté le cadre. Pour être francs, il nous est arrivé de raisonner par la négative au début de la marche, raillant contre le chemin de la taille d'un boulevard, sur-amenagé, simple, marqué, balisé, sans aucun challenge physique. Contre les toilettes, les tables de pique-nique et les robinets d'eau omniprésents. Contre l'absence de surprise, d'aventure, d'imprévu. Cette sensation de suivre un bon gros rail propre et bien tracé ne laissant aucune place à l'exploration ou à la découverte libre et spontannée... Bref, contre ce qui peut faire de l'Abel Tasman une vrai promenade du dimanche fade et bien cadrée pour marcheur à la petite semaine. Mais nous avons essayé de ne pas gardé à l'esprit ces réflexions de vieux raleurs pour réflechir objectivement à ce que proposait, vraiment, cette marche, et pour la prendre comme il se devait afin d'en profiter correctement.

En effet, il faut véritablement, pour l'apprécier, la considérer telle qu'elle est : une grande et magnifique promenade, très facile et accessible à tous, sur un chemin bien aménagé, la plupart du temps plat et droit, ne présentant pas de difficulté particulière, traversant un cadre naturel unique au monde. Le terme "promenade" s'applique à merveille, et résume assez bien le but de cette great walk : permettre de marcher tranquillement, sans se presser, dans une nature fantastique, de prendre le temps de lambiner et de faire bronzette sur ses merveilleuses plages de sable doré entre deux heures de marche et de finir la journée, sans avoir des ampoules aux pieds ou des courbatures dans les mollets, en ayant le temps de s'affaler sur la plage pour lézarder en écoutant le bruit des vagues et des chants d'oiseaux. C'est une balade de plusieurs jours, certe, mais nimbée d'une aura de vacances et de farniente qui nous a fait une drôle d'impression au début mais a laquelle nous nous sommes accommodés. Au final, nous quittons donc le parc satisfaits!

Côté tourisme galopant, il faut dire que si nous avons été tranquille la plupart du temps, la balade est effectivement très populaire et fréquentée, et nous n'imaginons même pas ce que ça doit être en pleine saison...


Prospection fructueuse 


Bon, c'est bien joli tout ça, mais la journée ne fait que commencer. Comme je le disais, il nous faut à présent rejoindre en pouce Marahau et l'entrée de l'itinéraire, à 60 bornes d'ici, où nous avons laissé la voiture quatre jours plus tôt. L'entreprise ne va pas être de tout repos : la première bourgade à peu près fréquenté, Takaka, se trouve à 30 kilomètres. 30 kilomètres d'étendues pour ainsi dire désertes et à coup sur très avares en voitures. Serons-nous de retour auprès de notre monture avant la nuit?

Nous débouchons à la sortie du parc à 11h, en rase campagne (très belle rase campagne soit dit en passant), et la route, non goudronnée, débute littéralement au parking... Ce dernier n'est pas complètement désert, mais nous ne comptons pas trop sur les quelques véhicules qui y sont stationnés. Soit ils appartiennent à des promeneurs qui ne sont pas près de rentrer, soit il s'agit de navettes qui ramènent à Marahau les randonneurs ayant organisé leur balade avec un tour opérateur, et qui ne risquent donc pas de nous embarquer à l'oeil vu le prix exorbitant que coûte la course...

Nous partons donc à pied pour notre première étape. Si nous arrivons à rallier Takaka, d'où part la nationale pour le sud, la suite sera du gâteau.

Nous marchons une petite heure sans croiser un chat, seulement quelques fermes perdues dans les collines. Espérons qu'elles nous fournissent bientôt une voiture... La perspective des trente bornes à pince, bien que prévisible dans ce trou perdu, ne nous emballe pas plus que ça!

Je me demande pourquoi j'essaye encore de mettre un peu de suspense dans ces lignes... J'imagine que tout le monde a déjà deviné la suite : le premier véhicule qui passe s'arrête, et son chauffeur nous annonce directement qu'il sait ou nous allons et qu'il peut nous déposer!

Et ce n'est pas tout! En chemin, notre homme, dénommé Phil, s'enquiert de notre programme. Nous lui expliquons que nous venons de terminer notre dernier plan vacance après un mois et demi de vadrouille et que nous nous apprêtons à nous mettre sérieusement à la recherche de travail. Il nous annonce qu'il vient d'ouvrir un café sur la route de l'Abel Tasman et qu'il recherche justement du personnel pour toute la saison estival! Selon lui, notre rencontre est un coup du destin, et lorsqu'il nous dépose à Takaka, nous échangeons nos numéros et nous promettons de rester en contact. Tout de même, c'est grand. Si nous décrochons un job sans même avoir eu à le chercher...

Takaka possède une fameuse et alléchante réputation de place hippie de la Golden Bay, petit coin de paradis au nord-ouest de l'île sud, mais l'heure n'est pas encore venu pour nous de venir y fouiner. La suite est une succession presque ennuyeuse de coups de chance au parfait timing : Nous levons le pouce à la sortie du village, pour être embarqués par une femme habitant dans les parages, puis par deux israëliennes en vadrouille. Elles nous déposent à une dizaine de bornes de Marahau, et nous n'avons même pas fini de les saluer qu'une jeune fille nous récupère pour nous larguer sur le parking devant notre voiture, en début d'après-midi.

Et bien voila qui est fait! Nous redescendons à Motueka, et récupérons notre Flo qui a profité de quatre jours de détente dans la petite ville, avant de rejoindre notre camping gratuit près du parc de Kahurangi.

Au matin, il s'est remit à pleuvoir à verse, mais qu'importe : aujourd'hui, nous nous lançons dans la recherche de travail. Après un mois et demi de vadrouille, l'heure est venu de nous mettre au boulot, d'autant que nous avons pas mal de sous à mettre de côté pour couvrir la suite du Petit Tour. Notre calcul est simple : il nous faut reconstituer les réserves que nous avions en arrivant, puis agranger suffisament d'économies pour payer tous nos frais en Nouvelle Zélande jusqu'à la fin de l'année (environ 1000$ par mois), ainsi que nos billets d'avion pour l'Amérique du sud, ce qui nous permettrait d'arriver là-bas avec quelques 7000 euros, soit de quoi voyager une bonne année supplémentaire si l'on se fie à nos dépenses moyennes en vadrouille. Au total, d'après ces calculs, il va nous falloir rassembler environ 15 000$. Rien d'irréalisable, mais il va quand même falloir cravacher significativement si nous voulons quitter l'Océanie confortablement.

Quid de notre ami Phil? Et bien, l'expérience nous a souvent montré qu'il ne faut jamais se fier à une seule opportunité, et nous voulons assurer nos arrières si jamais sa proposition de travailler dans son café ne donne rien.

Nous établissons le camp dans la bibliothèque de Motueka et commençons à prospecter. Comme je le disais, la cueillette des cerises ne va pas tarder à attaquer. De plus, la région de Nelson abrite de nombreux vergers de pommes, et la saison du thining va bientôt débuter. Il s'agit de retirer les fruits qui ne poussent pas correctement pour que les autres puissent grossir avant la récolte.

En fouinant sur le net, nous dressons une liste de toutes les fermes de la zone, récuperons leurs adresses mail, rédigeons une belle candidature, et arrosons copieusement la plupart des producteurs du coin. Au total, nous devons envoyer une quinzaine de candidatures. Certaines exploitations possèdent un service de candidature en ligne, et nous constatons que la recherche de travail est beaucoup plus prise au sérieux ici qu'en Australie. La cueillette des cerises par exemple risque fort de nous passer sous le nez, étant donné que visiblement, le recrutement se fait plusieurs mois à l'avance... Nous verrons. Tout ça nous prend une bonne partie de la journée, mais nous sommes satisfait du travail accomplit en rentrant au camping à la nuit tombée.

Le lendemain, nous retournons à Motueka pour continuer notre mitraillage de candidatures... Mais ce ne sera finalement pas nécessaire. Lorsque nous arrivons en ville, le téléphone sonne, et nous faisons la connaissance de Tracey, qui dirige avec son mari Brian un verger près de Richmond, plus au sud. L'un des fermier à qui nous avons envoyé une candidature n'avait pas besoin de main d'oeuvre mais lui a transmit notre message, et elle peut nous embaucher pour un mois dans le thining de pomme. Et si nous le désirons, nous pourrons meme enchaîner sur le picking plus tard dans la saison! C'est une véritable aubaine que nous saisissons sans hésiter!

Et Phil dans tout ça? Nous le contactons, mais il nous apprend que sa femme a embauché deux personnes sans lui en parler, et il n'a plus de postes à pourvoir. Nous avons bien fait d'anticiper et de nous ménager un plan de secour!

Nous sommes ravis. Après une seule petite journée de recherche, nous trouvons un job qui va peut-être nous occuper pour les quatre prochains mois! La bonne étoile qui s'occupe de transformer notre voyage en promenade de santé depuis le début de cette histoire n'est visiblement pas prête de nous laisser tomber. Et la bougresse se surpasse ces temps-ci...

Nous débarquons à la bibliothèque pour trouver un mail de Tracey où elle confirme notre embauche et nous annonce qu'elle nous contactera trois jours plus tard pour que nous organisions notre venue.

Voilà qui est fait. Sur le coup, nous sommes un peu désoeuvrés, pour la simple et bonne raison que nous n'avions pas du tout prévu de trouver un poste aussi rapidement! Nous décidons de redescendre à Nelson le lendemain pour nous trouver quelque chose à faire afin de tuer les deux prochains jours.


Incursion dans les fjords


Au matin, il fait beau, il fait chaud, et nous retournons à Nelson pour passer à la bibliothèque et au centre d'information afin de nous trouver une petite idée de balade. Deux parcs sont dans notre collimateur depuis quelques temps, le Richmond Forest Parc et le Nelson Lake National Parc, mais ils sont malheureusement sous la pluie battante pour toute la semaine...

La météo est plus clémente au nord-est, vers Picton, et l'idée nous vient vite : le nord de Picton présente un enchevêtrement de fjords, de baies et de criques apparemment magnifiques, nommés les Malborough Sounds, que nous avons traversé en ferry à notre arrivée. De nuit et sous la pluie, nous n'avons bien sûr rien pu en voir, mais nous décidons de réparer ce manque : un fameux itinéraire de treck, le Queen Charlotte Track, longe le fjord du même nom sur 71 kilomètres. Le tracé entier se parcourt en 5 jours, mais il est possible de le rejoindre en différents endroits pour des balades plus courtes. Plusieurs camping du DOC le jalonnent, mais au contraire de l'Abel Tasman, il ne s'agit pas d'une great walk, il n'est donc pas nécessaire de les réserver, et ils fonctionnent pour la plupart sur le système de donnation, à raison de 6$ la nuit. Plus d'informations sur le Queen Charlotte Track ici.

Nous décidons de l'attaquer sur sa pointe nord-est, pour un aller-retour d'une quarantaine de kilomètres sur deux jours, qui devrait nous mener de la Camp Bay à Ship Cove, une autre baie qui marque l'extrémité du treck. Nous partirons dès cet après-midi, pour passer la nuit au camping de Camp Bay avant de nous lancer dans la balade pour rejoindre un autre coin camping, le School House Bay Campsite, situé juste avant Ship Cove. Nous ne nous renseignons pas beaucoup sur ce que nous allons trouver là-bas, préférant garder intacte la surprise de cette destination décidée en quelques minutes. Nous passons acheter deux jours de provisions, et nous mettons en route vers l'est.

Une première heure de route nous permet de découvrir quelques sympathiques points de vue.



Nous arrivons à l'entrée du Queen Charlotte Sound, et remontons la langue de terre qui le borde vers le nord-est. Une heure assez éprouvante sur une toute petite route en lacet nous permet de constater les ravages du récent tremblement de terre. Ici, il a frappé beaucoup plus violemment qu'à Nelson, et la route est par endroit effondrée sur la moitié de sa largeur, tandis que des fissures et des bosses dans le bitume trahissent la violence des secousses. Les pelleteuses s'activent sur les pentes des collines qui bordent la route, où des glissements de terrain ont emporté des pans entiers de forêt. Effrayant.

Après une belle traversée de campagne sur un chemin de gravier, nous arrivons au village de Kenepuru Saddle, où le treck coupe la route, à l'endroit ou nous avons décidé de l'attaquer. L'après-midi touche à sa fin, et nous remplissons les sacs de provisions avant de laisser la voiture et de nous enfoncer dans la forêt pour déboucher rapidement sur le Camp Bay Campsite, à quelques mètres de la plage, qui offre sur le fjord un point de vue fantastique. 



Nous posons le camp pour la nuit et passons un beau début de soirée à nous balader dans les environs. Qu'il est beau ce pays...



Mais qu'il est humide! Nous nous réveillons sous la pluie, et profitons d'une accalmie pour plier les tentes et rejoindre l'abris du camping pour le petit déjeuner, attendant que les éléments se calment. Lorsque la pluie se transforme en crachin, nous nous lançons vaillement et plein d'espoir sur le sentier qui s'enfonce dans la forêt... Et c'est la douche froide.

Au sens propre du terme. Après seulement quelques minutes de marche, des trombes d'eau se mettent à tomber, le sentier se transforme instantanément en pataugeoire de boue, et nous sommes trempés jusqu'aux os... Je n'ai aucune photos à vous montrer de cette première journee de marche, et il m'est impossible ne serait-ce que de vous décrire les paysages que nous traversons, pour la bonne raison qu'il etait impossible de voir quoi que ce soit. Comme toujours dans ce genre de situation, nous rentrons la tête dans les épaules, éteignons nos cerveaux, braquons nos yeux sur le sol et avancons rapidement pour nous réchauffer. Les points de vue qui se devinent parfois à travers les arbres et les fougères ne nous montrent qu'un rideau de pluie grisâtre qui empêche de voir autre chose du fjord qu'une étendue d'eau noir. Pendant plus de deux heures, nous adoptons un rythme de marche forcée sous un déluge ininterrompu, enfoncés jusqu'aux chevilles dans la gadoue et fouettés par un vent violent. Le problème d'être mouillé ou pas ne se pose rapidement plus, étant donné que nous sommes autant dégoulinant que les arbres qui nous surplombent. Que du bonheur.

La matinée est nimbée d'une ambiance sauvage particulièrement savoureuse, même si un peu trop extreme...

Finalement, la météo se calme, mais nous sommes épuisés. La marche sous la pluie battante nous a vidé, et nous progressons encore durant trois pénibles heures avant d'arriver à notre coin camping pour la nuit. Nous découvrons un endroit perdu dans la jungle, donnant sur les eaux du fjord, dont le décors nous décroche la mâchoire, et le plaisir de nous y effondrer est accentué par le retour en force d'un soleil éclatant qui magnifie le panorama devenu grandiose sous le ciel dégagé.

Nous montons les tentes à quelques mètres des vagues, et nous nous lançons dans le nettoyage et le séchage de nos vêtements, après quoi nous nous étalons pour profiter au maximum des rayons du soleil.

  

Si mes compagnons ont eu leur lot de marche pour aujourd'hui, je décide pour ma part de profiter de l'après-midi pour terminer le parcours et aller jeter un oeil à Ship Cove. Sans sac et sous le soleil, il faut dire que la balade se savoure différemment... La jungle et les points de vue sur le Queen Charlotte Sound sont grandioses!  



Je croise quelques groupes de promeneurs qui se sont fait déposer en bateau taxi à Ship Cove, mais la plupart du temps l'endroit est désert et la forêt est à moi. J'ai l'impression que la nature se réveille après la pluie, et je m'arrête de temps à autre pour écouter la jungle qui profite elle aussi du retour du soleil.



J'arrive rapidement à la fin du tracé, descendant à travers la jungle pour déboucher sur la baie de Ship Cove.
  


Je profite un peu du panorama sur le fjord, assis sur un ponton, avant de faire un tour des environs. Je constate que l'endroit, point d'arrivée des bateau-taxis, est loin d'être sauvage : de nombreux aménagements, toilettes, bancs et abris se dressent au milieu de la verdure, environnés de sculptures en bois à la mode maorie.  



La raison d'être symbolique de ce lieu se révèle bientôt, sous la forme d'un monument blanc entouré de canons, où s'étale le nom d'un célèbre navigateur et explorateur... Où suis-je tombé?



En fouinant un peu, je découvre plus d'informations sur le coin, et effectivement, il s'en est passé des choses ici!

C'est dans cette baie que, le 16 janvier 1770, l'Endeavour, sous le commandement du lieutenant James Cook, jeta l'ancre pour effectuer des réparations et ravitailler ses stocks de provisions et d'eau douce. Cook en profita pour y établir un camp, poussant ses explorations plus au sud, établissant les premiers contacts durables entre maoris et européens. Par la suite, il revint plusieurs fois à Ship Cove, explorant les fjords et développant ses relations avec les tribus maories. D'aucun dirait que le loustic a ouvert ici la porte à l'impérialisme européen, mais il n'en reste pas moins l'un des plus grands explorateurs de tous les temps.

Après avoir exploré le coin, foulant le même sol que Cook près de 250 ans plus tôt, je rentre au camping. Nous terminons la journée face aux vagues, espérant que le beau temps se maintienne le lendemain pour profiter de notre marche retour.   

Au réveil, nous découvrons que nos voeux ont été exaucés! Nous entamons notre marche retour sous un beau soleil, et si nous avons déjà parcouru le même chemin hier, les conditions étaient telles que nous le découvrons véritablement aujourd'hui. C'est quasiment une nouvelle balade qui s'offre à nous! Voici donc à quoi la chose ressemble quand le ciel est dégagé.

Le fjord, aux eaux claires ou parfois d'un bleu sombre, est sublime.



Lorsqu'il ne longe pas les flancs de collines avec vue sur les eaux, le chemin s'enfonce dans la jungle.



Nous repassons les baies que nous avions longé au pas de course la veille, au bord desquelles se dressent quelques habitations.



Sous le soleil, la balade s'avère simple, le sentier est large et relativement plat, mais nous prenons notre temps pour savourer le décors.



Finalement, nous sommes de retour à Camping Bay en milieu d'après-midi, ne regrettant pas de nous être aventuré par ici : malgré son introduction plutôt humide, et pour une randonnée décidée plus ou moins au hasard et sans aucun renseignements, notre incursion sur le Queen Charlotte Track nous aura permis d'admirer un bel aperçu des fjords du Malborough, que nous ne comptions pas forcément passer voir, et aura constitué une bonne surprise et une sympathique promenade qui aura parfaitement rempli ses objectifs : nous occuper agréablement pendant deux jours!

La journée touche à sa fin, Tracey doit nous rappeler le surlendemain, et il nous reste une soirée a consacrer aux fjords avant de repartir vers Nelson.

Nous redescendons vers le sud, pour rejoindre un autre camping du DOC situé à la base du Queen Charlotte, au bord de la Moetapu Bay. Sur un petit promontoire en contrebas de la route, au bord de l'eau, nous découvrons que le camping en question est un nouveau coin de paradis. Ca devient une habitude! Douche au robinet, promenade sur la plage, soirée contemplative au face au fjord, le tout dans un décors de reve... Finalement, dans ce pays, il n'est pas nécessaire de se renseigner : il suffit de se rendre quelque part, il s'y trouvera forcément des merveilles!



Avec tout ça, nous avons pas mal crapahuté ces derniers jours, et même si physiquement nos vadrouilles n'ont pas été très violentes, nous n'avons pas vraiment pris le temps de nous poser, et nous voulons être complètement d'attaque pour démarrer le thining. Deux heures de route nous séparent de Nelson, et au matin, nous localisons un camping gratuit, l'Alfred Stream Reserve, situé à mi-chemin, dans la Rai Valley, que nous décidons de rejoindre pour y passer une journée de repos nécessaire.

Sur place, nous découvrons que le coin se situe juste au bord de la route, heureusement la circulation n'est pas dense. Au loin, quelques bicoques forment un petit village, et la campagne environnante est à tomber par terre. Nous nous affalons, et passons la journée à lire, à discuter, à boire thé et café par hectolitres, et à profiter du paysage vallonné et battu par les vent.



Le lendemain, jeudi, nous rejoignons Nelson pour attendre l'appel de Tracey. Il aura lieu dans l'après-midi. Notre nouvelle patronne nous donne rendez-vous pour le lendemain matin chez elle, et nous retournons au Mc Lean pour une dernière nuit avant d'attaquer le boulot.

Le lendemain, nous levons le camps pour mettre le cap sur Mapua, au nord de Richmond, afin de rejoindre notre futur lieu de travail.

Nous nous arrêterons là pour aujourd'hui. Il faut savoir que ce dernier récit a été rédigé en fragmenté sur une assez longue période, pourtant il conte une première petite charnière dans notre voyage néo-zélandais.

Comme prévu, après un mois et demi de crapahute et de découvertes, les vacances sont terminées, nous nous apprêtons à nous mettre au turbin, et même si nous abordons la chose beaucoup plus sereinement qu'en Australie, les économies que nous réaliserons ici vont être déterminantes pour la suite du voyage. Si nos réserves pécunières sont encore conséquentes et que l'argent est encore loin de poser problème, nous pensons au long terme et avons préféré anticiper et régler le plus rapidement possible la question du financement de la suite de notre Petit Tour. Ce qui est fait n'est plus à faire, et la procrastination est l'un des pires ennemis du voyageur! Nous n'avons pas envie de revivre la panique de nos derniers mois australiens.

Nous nous y sommes donc pris suffisament en avance pour ne pas avoir à nous affoler en cas de difficultés dans nos recherches d'un job, mais aucune ne s'est présentée. Au contraire, nous avons décroché un poste en seulement quelques jours de prospection, après une seule vague de candidatures envoyée! Et entre le thinning et le picking, nous avons peut-être l'assurance de travailler jusqu'en avril.

Bien sûr, il reste à vérifier que le taf nous convienne, nos expériences passées nous ayant bien montré qu'il ne fallait pas se réjouir trop vite, mais même à ce niveau nos arrières sont assurées : si notre mois de thinning n'est pas concluant, il nous suffira de refuser de continuer sur le picking et d'aller voir ailleurs, nous en avons le temps et les moyens pour l'instant.

Et quand on y songe, ces deux semaines sont à l'image de ce succes : si j'ai l'air de pester contre la difficulté à ouvrir nos comptes en banque, c'est simplement à cause du fait que ce genre de formalités nous débectent, mais en y songeant avec du recul, la chose n'a pas posé véritablement de problèmes. Nous n'avons essuyé que deux refus de la part des banques et un seul pour obtenir un justificatif de domicile, et nous avons finalement pu ouvrir nos comptes seulement quelques jours après notre débarquement sur l'île sud. Nous avons cherché un véhicule pendant deux jours avant de conclure une formidable affaire dans de très bonnes conditions. Et nous avons peut-être dégoté en très peu de temps un travail pour les quatre prochains mois!

Bref, comme dit l'autre, tout se passe exactement comme nous l'avions prévu, gnark gnark gnark...

D'aucun dirait que nous avons beaucoup de chance... Mais d'un autre côté, combien d'heures avons nous passé dans notre hall d'embarquement à Wellington à répertorier tous les hôtels et campings susceptibles de nous fournir une adresse et toutes les banques de la région, pour en parcourir plusieurs à notre arrivée? N'avons-nous pas adopté le bon comportement au Maitai Valley Motor Camp pour que ses prorios nous fournissent le précieux justificatif? Nous avons passer deux journées entières à éplucher méthodiquement les petites annonces de voitures, sur internet et dans les journaux, pour dénicher notre bonne affaire, tout en nous gavant d'articles et de tutoriels sur les vérifications mécaniques d'usage, nous avons pendant des heures durant listé les fermes et les vergers des environs et rédigé de belles lettres de candidature, résumant nos nombreuses et dures semaines de travail en Australie qui nous ont procuré une indéniable et solide expérience dans le domaine... La chance, on se la créé.

Côté découvertes et visites, nos premiers pas sur l'île sud n'ont pas été follichons, malgré notre joie d'avoir enfin rejoint ce paradis du randonneur, et notre semaine à Nelson, si elle nous a permis de régler pas mal de choses, a été déprimante de grisaille, de pluie et d'inactivité. Mais que peut-on y faire? La météo ici est définitivement très capricieuse, et il faut composer avec. La fin de nos tâches administratives a néanmoins coincidé avec le retour d'un soleil éclatant, et la deuxième semaine a eu un parfum prononcé de vacances.

Nos vadrouilles ne nous ont pas encore conduit sur les sites qui nous font baver depuis des années, mais nous avons le temps, et la découverte surprise est toujours un plaisir. Ainsi, l'Abel Tasman Coastal Track, dont nous n'avions pas vraiment prévu la visite, nous en a collé plein les mirettes, bien que d'un intérêt physique limité et malgré un côté répétitif prononcé. Enfin bon, difficile d'être objectif à ce niveau, la plage étant loin d'incarner mon environnement préféré. Quand au Queen Charlotte Track... Disons qu'il nous montre encore une fois que la simple petite promenade classique d'un week-end, en Nouvelle Zélande, offre déjà monts et merveilles.

Nous attendons quand même avec impatience les balades un peu plus montagnardes et escarpées que nous avons inscrit à notre programme...

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