mercredi 9 novembre 2016

La Péninsule des Coromandels : treking inattendu aux Pinnacles, la Cathedral Cove, la Hot Water Beach... et les premières pluies!

Bonjour à tous!

Dis-donc, un article par semaine! C'est que ça bosse dur...

Ne vous inquiétez pas, mes longues diatribes blogueuses ne nous empêchent pas de profiter à fond de cette formidable Nouvelle Zélande.

Aujourd'hui, nous vous emmenons dans les Coromandels, célèbre péninsule néo-zélandaise, pour un périple sauvage et hasardeux qui nous a conduit, au fil des rencontres, d'une jungle touffue à une plage dans laquelle (oui, "dans") nous nous sommes brûlés (oui, "brûlés"), en passant par des falaises aux reliefs extraordinaires bordées d'eau turquoises.

Une vadrouille intense, fatiguante, mais toujours suffisament détendue et calme pour que chacun en profite.

En revanche, et il fallait bien que ça arrive un jour, le début de notre histoire est... Plutôt humide.


Une descente sous la pluie...


Où en étions-nous? Ah oui, notre premier camping sauvage, à côté d'une aire de repos au nord d'Auckland, avant notre traversée de la ville vers le sud en direction des Coromandels...

Que disais-je dans ma précédente conclusion à propos du début de notre voyage? Ah oui... "tout doux et sans galères"... Visiblement, ce bon vieux hasard décide subitement de remettre les pendules à l'heure et de nous rappeler que la vadrouille, ce n'est pas le monde des bisounours non plus...

Au fond de notre jungle, nous avons réglé nos alarmes pour qu'elles retentissent aux premières lueurs de l'aube. Nous voulons décamper rapidement, en prévision d'une journée qui promet de ne pas être de tout repos : nous devons traverser Auckland sans y rester bloqué. La ville s'étalant comme un furoncle de la côte est à la côte ouest, il est impossible de la contourner, et notre seule solution est de nous jeter allègrement dans la gueule du loup en espérant en ressortir de l'autre côté sans trop d'encombres...

Ce programme moyennement intéressant reçoit le renfort d'une nouvelle invitée dans ses efforts pour nous ruiner la journée : lorsque nous ouvrons les yeux, ce n'est pas à cause de nos alarmes, mais de la pluie battante qui martèle les toiles de nos tentes... Ba, c'est le pays qui veut ça : il y a quatre saisons par jour! Tout sera fini dans quelques minutes...

Une heure plus tard, ce n'est pas fini. Il fait de plus en plus clair, et nous devons nous résoudre à replier le camp sous un ciel noir et des arbres beaucoup moins sympathiques qu'à l'ordinaire puisqu'ils nous gouttent dessus sans modération... Le petit dèj attendra, on sert les dents, ce n'est que de l'eau, l'eau ça sèche, et il fallait bien que ça arrive...

Si la météo nous en envoie plein la figure sans aucune pitié dès le réveil, le stop en revanche est de notre côté. Après quelques minutes sous la pluie au bord de notre aire de repos, un jeune homme nous récupère, pour nous poser à Warckworth, petite ville située juste avant la banlieu d'Auckland. Nous y ferons quelques courses ainsi qu'un brin de toilette, et y prendrons le petit déjeuner des champions assis sur un trottoir sous un abris de fortune avant de marcher 4 kilomètres sous la saucée pour rejoindre la sortie du bled... Frigorifiés, le visage battu par un vent cinglant et des gouttes de pluie qui ne le sont pas moins, nous éteignons les cerveaux, espérant suciter la pitié dans le coeur des automobilistes...

Bon, la situation n'est pas glorieuse, mais vu les circonstances la suite ne pouvait pas mieux se dérouler : un premier lift nous emmène aux portes de la ville, où nous sommes instantanément ramasser par un jeune homme qui n'a pas vraiment compris que nous voulons esquiver la ville et qui nous pose en plein dans le CBD, au milieu de hauts buildings... Gardant la tête froide alors que nous sommes très exactement à l'endroit que nous voulions éviter comme la peste, nous sortons carte et boussole, rejoignons une bretelle d'accès au péripherique de la ville, levons le pouce à l'arrachée devans une grosse 4 voies tellement peu adaptée au stop que ça en devient comique, et rencontrons miraculeusement celui que nous attendions : un jeune homme des plus arrangeant qui nous fait quitter la ville en regrettant de ne pouvoir nous poser plus loin parce qu'il utilise la voiture d'un de ses amis... C'est parfait! Le gars a en plus la discussion facile, et nous passons un très bon moment avec lui.

Il nous largue en pleine autoroute, et notre aspect de chien mouillé dégoulinant doit faire de la peine, puisque nous sommes rapidement embarqué pour un bout de chemin supplémentaire.

Nous voilà en pleine campagne, au milieu de la journée, nous avons quitté la ville, et joie, bonheur suprême, délivrance : le soleil réussit enfin à faire une percée dans le ciel!

Nous nous posons pour engloutir un sandwich et trouver une destination et des choses à faire dans les Coromandels en étalant les cartes touristiques et les prospectus que nous avons découvert en explorant Paihia. La péninsule forme une langue de terre d'une centaine de kilomètres, sur la côte nord, au sud-est d'Auckland, et nous repérons les incontournables : la Cathedral Cove et les baies alentours, aux eaux cristallines bordées de plages paradisiaques et de falaises, ainsi que la Hot Water Beach, une plage où l'on peut trouver de l'eau chaude en creusant le sable, se trouvent sur la côte est des Coromandels. Nous les rejoindrons plus tard, car nous arriverons dans la région par la cote ouest, sur laquelle nous repérons de nombreux itinéraires de rando qui rentrent vers l'intérieur des terres. La plupart semblent débuter aux alentours d'une petite ville située à la base de la péninsule, Thames, à environ 70 bornes de notre position. Capitaine, nous avons un cap!


Treck surprise


La pluie, ayant décidé que notre répis avait assez duré, nous rejoint alors que nous levons le pouce au bord de la route. Elle n'aura pas le temps de ne tremper à nouveau : nous sommes ramassés par un homme qui peut nous emmener... A Thames! Et paf!

Notre ami est enseignant, et profite actuellement de ses congés. Il s'avère être un grand voyageur, et nous dissertons pendant tout le trajet de nos ressentis sur les différents pays d'Asie du sud-est que nous avons vadrouillé en commun, c'est-à-dire la plupart.

Quand nous arrivons à destination, en fin de journée, c'est la fête, il ne pleut plus! Les petits bonheurs sont les meilleurs... Mais nous avons toujours le même souci que d'habitude : aucun camping gratuit à l'horizon... Du moins, pas qui nous accepterait. A force de pouce et de rencontres, nous avons cerné les raisons de cette lacune qui nous cause chaque soir troubles et doutes. Il faut savoir que si la Bay of Islands nous avait frappé par son côté touristique et dépourvu de campings non-commerciaux, le problème ici est différent, et visiblement commun à pas mal de régions dans le pays : on nous l'a souvent raconté, tout est la faute du Seigneur des Anneaux... A l'époque, neuf anneaux furent forg... Pardon, le camping gratuit pour tous était général et monnaie courante en Nouvelle Zélande, un peu comme ce que nous avions constaté en Australie (où durant un an nous n'avons jamais déboursé le moindre centime pour passer la nuit!). Mais nous fûmes tous dupés... Car la célèbre trilogie de Peter Jackson attira des milliers de touristes dans le pays, et cette grouillante armée des ténèbres se répendit partout, salissant, souillant, répandant leurs immondices... Le gouvernement n'eu pas d'autre solution que de limiter drastiquement la pratique du camping gratuit pour préserver sa terre.

Résultat, aujourd'hui, seul les véhicules "self-contained", c'est-à-dire les camping-cars et les campervans équipés de toilettes, et de systèmes de récupération des eaux usées et des déchets sont autorisés à utiliser la plupart des emplacements gratuits. Et comme avec le camping sauvage, toute entorse au réglement fait l'objet d'amendes allant chercher dans les 200$... On nous a dit que des endroits réservés à ces véhicules faisait l'objet d'un contrôle systématique et permanent, toutes les heures, toutes les nuits, par un agent chargé de vérifier la présence sur les pare-brises de la certification "self-contained"... Autant dire qu'avec nos tentes, nous n'allons même pas essayer...

Et ici, les campings gratos couvrent la zone, mais sont systématiquement "self-contained only"...

Nous en discutons avec notre ami, qui nous annonce que nous pouvons trouver un camping bon marché du Departement of Conservation au pied du départ d'une des plus fameuses balades de la région! Il s'agit d'une randonnée qui suit la vallée de Kauaeranga, au coeur du parc forestier des Coromandels, pour conduire au Pinnacles, son point le plus élevé, qui offre apparement le plus beau point de vue de la region. Nous réfléchissons, lui disons au-revoir, passons au centre d'infos du coin et localisons le bouzin. Punaise, 14 kilomètres, en pleine cambrousse...

Ce n'est pas la porte à côté, et il risque de ne plus y avoir de voitures qui se rendent dans le parc à cette heure-ci... Cette journée pluvieuse et froide nous a bien fatigué, les jambes et les sacs commencent à paraître lourds, et nous commencons à nous dire nous ne sommes pas encore couchés...

Nous levons le pouce à la sortie de Thames, et la magie du stop qui règne ici opère encore et toujours : un jeune homme s'arrête et propose de nous poser au camping! Les 14 kilomètres de chemin de graviers traversent une campagne déserte, il n'y a pas un chat, et nous nous demandons où se rend notre chauffeur. Quand nous lui posons la question, il répond que la route sur laquelle nous sommes ne va qu'au parc, qu'il rentrait simplement chez lui en ville et qu'il a fait demi-tour afin de nous aider car nous n'aurions pas pu trouver la moindre voiture à cette heure-ci! Sans lui, nous aurions dû marcher plus de 3 heures...

Nous débarquons dans la cambrousse, passons à l'accueil, payons 10$ pour la nuit et récupérons de la doc sur les randos du coin, puis découvrons un pré magnifique bordé de rivières et de forêt où poser nos maisons. 

Pendant le thé du soir, après un bon nettoyage dans l'eau glacée de la rivière, nous réfléchissons à la journée du lendemain en épluchant cartes et prospectus. La balade dont nous a parler notre amis rejoint en 3 heures les Pinnacles, nom donné au sommet de la vallée de Kauaheranga, offrant le plus beau point de vue des Coromandels. 2 bonnes heures de plus sont nécessaire pour rejoindre à pied le début de l'itinéraire si nous ne trouvons pas de lift, et un camping du DOC à 5$ se trouve près du sommet.

Nous avons assez de provisions pour deux bons jours, et côté physique, tous les kilomètres de marche que nous avalons depuis 15 jours commencent à porter leurs fruits. Nous pétons le feu (enfin, sur le coup pas tellement...)! Et bien c'est parti. Nous décidons de décoller tranquillement dès le matin suivant, pour monter jusqu'au camping, tirer le sommet, et redescendre le lendemain.

Tandis que la nuit tombe en même temps que la température, la pluie se remet à tomber... Nous verrons pour demain... En attendant, nous dévorons quelques paquets de nouille sous un abris avant de nous réfugier au chaud sous les duvets.



Au réveil, la pluie a cessé, nous prenons notre temps, et partons vers 10h, pour 10 bornes de marche à travers la vallée, dans un décors sympas mais sur une route de graviers qui casse un peu l'ambiance nature...




A midi, nous arrivons à l'entrée de l'itinéraire, engloutissons nos sandwichs, et attaquons, sous, et ce n'est pas une blague, un soleil radieux! Le début de la marche nous emmène, après quelques franchissement de rivière, en pleine jungle luxuriante (mais cela étonne-t-il encore quelqu'un?).














Après une bonne heure de crapahute à peu près douce, nous arrivons au pied d'un escalier aux degrés tantôt taillés dans la roche, tantôt formés par des rondins. Pendant plus d'une heure, nous suons en escaladant des marches beaucoup trop hautes pour nos petites pattes, à une allure d'escargots. Je rappelle que nous transportons chacun entre 15 et 20 kilos de barda chacun... Si le décors reste enchanteur tandis que le chemin offre souvent de magnifiques panoramas sur la vallée, l'effort est rude, et la grimpette assez violente...







Le ciel se couvre de nouveau et une pluie fine tombe par intermitence (on en sortira pas...) quand nous arrivons au dernier plateau avant le sommet, encore à une heure de marche, perdu dans les nuages... Nous décidons de garder son ascencion pour le lendemain matin, inutile de monter nous percher là-haut si c'est pour ne rien voir à cause de ce temps pourri... Ca ne pourra être que forcément meilleur demain!

Nous rejoignons le camping perdu dans la forêt, au milieu de nul part, et posons les tentes avant de nous préparer une bonne platrée de pâtes. Histoire de finir la journée en beauté, il se met à cailler méchamment, nous finissons nos assiettes sous la pluie qui reprend de plus belle, la mine triste et en silence, et rentrons en catastrophe sous les guitounes... On a beau se dire que ce n'est que de l'eau, quand on vadrouille en extérieur 24h sur 24, la pluie devient très vite lassante, et suce l'énergie du voyageur à vitesse grand V. Nous espérons que le temps s'améliore dans les prochains jours...

Avec Léonore, nous nous levons au premières lueurs de l'aube pour monter jeter un oeil au sommet. Nous quittons notre forêt, et cavalons jusqu'au plateau de brousaille qui mène au pinacle. Sans les sacs, nous volons littéralement sur le chemin! Lorsque nous arrivons en vue de la dernière ascencion, le sommet a disparu dans le brouillard... Et bien ça pouvait être pire, étant donné qu'en plus d'avoir de gros nuages noirs au-dessus de nos têtes, nous sommes plongés dans le brouillard! Nous plagions sur le fait qu'il se sera levé quand nous arriverons au sommet, et avalons en une petite demi-heure la côte bien raide qui y conduit.



Visiblement, la malédiction des points de vue qui nous afflige nous a suivit jusqu'ici... Nos lecteurs fidèles se souviendront sans doute de l'épisode de Poon Hill, dans l'Annapurna, durant lequel nous avions gravit 2000 mètres de dénivelé en une journée pour aller admirer ce que beaucoup décrivaient comme le point de vue le plus extraordinaire de l'Himalaya, et que nous nous étions retrouvé devant un écran de brouillard blanc... Et bien aujourd'hui, c'est exactement la même chose!


Sur notre plateforme, au sommet des Pinnacles, nous n'y voyons pas à plus de 20 mètres... Nous attendrons près d'une heure au milieu des tourbillons blancs, mais en vain. Les nuages défilent à grande vitesse, poussés par le vent, mais ne nous permettent pas d'apercevoir plus d'un petit bout de vallée de temps à autre...  

Léonore devant le plus beau point de vue des Coromandels...

Mais la bonne humeur est toujours de mise!




Nous redescendons, déçus, et rejoingons Flo pour un rapide petit dèj avant de dégringoler de la montagne et de nous rettaper à pied les 10 kilomètres qui ramènent au coin camping de la veille.




Des Cathédrales et du sable bouillant


Nous nous préparons mentalement à enchaîner sur les 14 bornes qui nous attendent pour rejoindre Thames, mais un coup de pouce providentiel nous offre un lift dans un camping-car jusque dans le centre-ville! Petit passage en grande surface pour recharger nos stocks de nouilles chinoises et de cookies, et planification. La journée n'est pas encore trop avancée, et nous décidons de rejoindre la côte est des Coromandels dès aujourd'hui, pour aller voir la Cathedral Cove et la Hot Water Beach. Objectif : le petit village de Hahei, situé entre les deux.

Comme toujours, le stop est prolifique : un homme nous pose sur la bonne route, où une ancienne hippie vagabonde nous récupère pour une centaine de bornes dans une voiture si chargée que nous devons prendre nos sacs sur les genous. Un jeune homme en vacance dans les parages se charge de nous emmener jusqu'au village.

L'endroit est mignon, en bord de plage, mais sent beaucoup trop la station balnéaire friquée pour être honnête... Sur les indications que nous donnent les habitants, nous découvrons bientôt un panneau indiquant un camping, mais rien que le nom, holiday parc blue sun white sand diamond beach golden deluxe ou je ne sais plus quoi, ne présage rien de bon...Nous ne perdrons rien à aller jeter un coup d'oeil. Sur la route, nous passons devant une grande maison à la terrasse de laquelle deux hommes sirotent un verre de vin, qui nous saluent énergiquement. Ils auront leur importance par la suite...

Car lorsque nous débarquons au camping, les tarifs nous décrochent la machoire : 23$ par personnes! 23 DOLLARS!!! Pour poser un bout de toile dans l'herbe! Ils ont totalement craqué!

Nous ne faisons pas de vieux os, et mettons les voiles au plus vite pour quitter cette antre de l'enfer tandis que le soleil se couche. Ca sent la nuit sauvage à plein nez... Je propose d'y aller au culot et de demander aux deux hommes croisés plus tôt sur leur terrasse si nous pouvons squatter leur jardin.

Sur place, je n'ai même pas le temps de poser la question : dès qu'il entend notre palpitante histoire, le propriétaire de la baraque, un vieil homme du nom de John Wallace (ce n'est pas une blague : quand je lui demande son nom, il me répond "comme dans Braveheart"!), nous propose directement de poser les tentes dans la pelouseàa l'arrière de sa maison! Il nous annonce aussi qu'il laissera la porte ouverte si nous avons besoin d'aller au toilette! Il ne nous connait pas, nous sommes 3, il vit seul, est âgé d'au moins 75 ans, et il nous invite le plus naturellement du monde... Monsieur Wallace, si d'aventure vous lisez ces lignes, nous vous remercions encore.

Nous montons le campement dans son jardin, il vient nous souhaiter la bonne nuit, et nous nous enfilons une platrée de nouille avant de nous coucher.

Au matin, nous saluons grand-père Wallace, allons prendre le petit dèj sur la plage et mettons le cap sur la Cathedral Cove. Aujourd'hui, le soleil est définitivement de retour et c'est sous un beau ciel bleu que nous franchissons 3 bornes de marche sur un petit chemin longeant le bord de la falaise qui surplombe l'océan. Au loin, l'horizon est rempli de petites îles.













Nous arrivons bientôt sur la plage, devant la fameuse Cathédrale. Mais finalement, qu'est-ce-que-c'est-y-donc que ça mon petit Olivier? Je vais te le dire, jeune lecteur impatient. Toute la côte ici a été formée, il y a des millions d'années, par une intense activité volcanique. Au fil des millénaires, l'eau et le vent ont provoqué une érosion à l'origine de formes géologiques particulières, falaises, pitons rocheux, grottes en tous genres... La Cathedral Cove est l'une d'entre elles. C'est une vaste cavité creusée dans la falaise, qui relie deux plages de sable blanc.






Nous profitons de ce décors enchanteur un bon moment, avant de passer voir la Stingray Bay, qui malgré son nom ne nous permet pas de voir l'animal en question. Nous nous consolons en embêtant un pauvre crabe en train de se détendre entre deux rochers.




Nous retournons en ville, marchons quelques temps, et levons le pouce en direction de la Hot Water Beach. Un homme nous récupère pour quelques kilomètres, puis c'est un camping-car qui fait demi-tour pour nous poser à destination. En route, ses conducteurs nous expliquent qu'ils nous croisent très souvent depuis quelques jours... Il est vrai que nous voyons régulièrement passer les mêmes véhicules, et beaucoup de voyageurs ont du nous apercevoir au bord de la route un peu partout dans la région.

Nous arrivons à la plage. Sa particularité provient du fait qu'une source thermale jaillit directement sous le sable, si bien qu'il suffit de creuser quelques centimètres pour tomber sur une eau chauffée à plus de 60 degrés! Profitant de la manne, toutes les boutiques alentours louent des pelles à des prix scandaleux. Nous utiliserons nos mains... Et puis non. Sur place, de nombreux visiteurs se sont chargés de creuser pour nous, et nous n'avons plus qu'à plonger les pieds dans l'eau chau... Punaise, ça brûle!



Amusant comme concept! Et puis voilà, il est 13h, et nous avons finit le programme de la journée. Que d'efficacité! Sans parler de notre insolente chance en auto-stop...


Le repos des guerriers


Que faire à présent? Si le début de notre périple n'était quasiment pas organisé et s'est construit au fur et à mesure grâce aux informations glanées par-ci par-là, nous ne sommes pas partis à l'autre bout du monde comme des fleurs sans rien avoir préparé du tout, et il y a quand même certain sites célèbres que nous avions prévu de visiter depuis un bon moment. C'est le cas de la région de Rotorua, dans le centre-nord de l'île, en-dessous de la bien connue Bay of Plenty, fameuse pour son intense activité géothermale qui a donné naissance à des merveilles de la nature. Je n'en dis pas plus pour le moment...

Et bien pourquoi attendre? Direction Rotorua, à environ 200 bornes de Hahei. Nous partons lever le pouce sur le highway, et enchaînons les lifts pendant tout l'après-midi. Un homme adorable nous redescend de la péninsule, puis c'est un jeune homme qui nous emmène le long de la baie. Il nous pose en pleine autoroute.

La voiture suivante s'arrête après quelques minutes, tandis que l'après-midi touche à sa fin, et une bien belle rencontre se profile à l'horizon quand un homme massif à la barbe fournie et au long cheveux bruns en sort, un sourire jusqu'aux oreilles, avec l'air du bon gars bien sympa.

Notre ami s'appelle Brock, et il a grandit à Hong Kong avant de rouler sa bosse un peu partout pour attérir en Nouvelle Zélande 6 ans plus tôt. Il donne maintenant des cours de musique particuliers aux enfants du coin, et peste sur le fait que le death metal et le rock hardcore ne soient pas mieux représentés dans le pays...

Nous passons un formidable moment avec lui. Lorsque nous lui parlons de nos déboires à dénicher des spots pour planter les tentes, il nous parle d'un camping gratuit dans les parages que nous n'avions pas repéré sur nos cartes. Nous ne rejoindrons de toutes facons pas Rotorua aujourd'hui, nous commençons à fatiguer, et il propose de nous offrir un verre chez lui avant de nous emmener au camping, assez éloigné de la route principale! Nous passons le début de soirée dans la petite maison qu'il loue en pleine campagne, discutant jeux vidéos et musique, dégustant un formidable cocktail de son invention, et nous partons pour le camping.

Sur place, nous nous apercevons que le coin n'est pas gratuit mais fonctionne par donation. La pratique est courante dans le pays : on place la somme requise dans une boite, et un ranger passe régulièrement pour vérifier que tout le monde a bien payé. Sauf qu'ici, personne ne passe jamais!

Comme d'habitude, le coin est fantastique, plein de petites clairières au milieu d'une forêt de sapins traversée par une rivière. Brock nous laisse, annonçant qu'il passera nous chercher le lendemain pour nous ramener sur la route (un grand homme je vous dis!).

Nous dénichons un petit coin de prairie au milieu des arbres et montons le campement. La soirée se finira plus tard que prévu : un groupe de jeunes habitant les environs nous annoncent qu'ils organisent une petite sauterie forestière à l'endroit que nous avons choisit, et nous passerons la soirée avec eux, discutant de nos pays respectifs. Encore une belle et grosse journée bien remplie comme on les aimes! Réveil au bord de l'océan, découvertes en tous genres, auto-stop fulgurant, belles rencontres, soirée dans la foret autour du feu... C'est le genre de sentiments caractéristiques du voyage que nous adorons retrouver : faire tellement de choses et traverser tellement d'endroits dans une journée qu'on a l'impression qu'il s'en est passé plusieurs! En revanche, ces très actifs derniers jours nous ont bien fatigués, et nous songeons à prendre quelques jours de vacances sous peu...

Au matin, nous glandouillons en attendant Brock. Quand celui-ci débarque, nous partons tous les quatre nous balader dans la forêt.

Il nous emmène dans une grotte que nous traversons pour découvrir un magnifique petit écrin de verdure niché entre les falaises au bord de la rivière, qui par endroits jaillit directement de la roche!







Brock nous dépose ensuite dans la petite ville de Maihi, nous le remercions du fond du coeur, mangeons un morceau, et partons nous poster à la sortie du bled. Au cours du formidable après-midi stop qui va suivre, nous n'attendrons jamais un lift plus de 15 minutes! Une femme adorable à la voiture encombrée de bric-à-brac nous fait franchir plusieurs dizaines de kilomètres, puis c'est tout une famille qui nous embarque pour Tauranga, grande ville côtière d'où part la route pour Rotorua. La chef de famille est une grande voyageuse, et elle a testé la vie dans de nombreux pays avant de décider de se fixer en Nouvelle Zélande. A Tauranga, l'occasion nous est offert de discuter un peu en français quand un suisse nous ramasse pour nous poser sur l'autoroute. Un indien bien marrant se charge ensuite de nous emmener à Rotorua, en échange de l'un de nos avocats!

Paf, nous voilà arrive à destination. Punaise, je me repète, mais la Nouvelle Zélande en auto-stop, c'est vraiment du velour!

Et... Nous sommes épuisés. Petites natures que nous sommes... A notre décharge, il faut dire que depuis que nous avons decollé de Paihia dans le Northland, nous n'avons fait que lever le pouce et marcher entre 15 et 30 kilomètres par jour, nous déplaçant sans cesse, sans jamais nous poser au même endroit plus d'une nuit, le tout en plein air. Si le temps s'est amélioré au cours des deux derniers jours, nous avons également eu notre lot usant de pluie et de vent glacial.

Nous avons bien fait corp avec la nature durant une semaine, il est temps à présent de faire nos petits joueurs : nous décidons de nous dénicher un camping pas trop cher en ville pour nous poser deux ou trois jours et profiter d'un peu de confort. Ah ils sont beaux les voyageurs sauvages et rennonçants!

Nous nous traînons péniblement jusque dans le centre-ville, éreintés. Rotorua est une bourgade de 65000 habitants, calme et plutôt agréable à parcourir, situé au bord de l'immense lac du même nom. 

Le premier truc qui frappe quand on débarque à Rotorua, c'est l'odeur de soufre. Véridique, un relent d'oeuf pourri imprègne chaque recoin du bled! Ceci est du à l'activité géothermique omniprésente de la région, qui s'exprime à même la ville. En effet, on trouve des mares de boue chaude et de grandes colonnes de vapeurs en plein CBD!

Nous localisons un camping à 12$ la nuit et allons nous y effondrer. Enfin!

Un petit passage dans le centre-ville pour faire deux-trois courses, et nous passons une bonne soirée à refaire le monde, affalés dans les canapés moelleux du lounge du camping, après une bonne douche chaude.

Nous resterons 2 jours à faire nos petits vieux à Rotorua. Le lendemain, Flo, grand seigneur, nous invite à manger dans un resto servant d'impressionant burgers, recommandé par l'un de nos chauffeurs. Après des semaines de pain de mie, de bacon premier prix, de cheddar et de nouilles chinoises déshydratées, ce repas copieux est quasi gastronomique, et nous rempli pour la journée! Nous nous baladons dans la ville, et passons les rives du lac ainsi que le parc thermal.









Le lendemain, je vais être franc, nous ne faisons absolument rien, hormis profiter de la piscine chauffée du camping et de sa cuisine! Un repos réparateur dont nous avions grand besoin après la semaine bien verte et sauvage que nous venons de passer! Bien épuisante également, avec ses déplacements quotidiens, plusieurs centaines de kilomètres franchis en auto-stop, quelques litres de pluie sur la figure, et énormément de marche à pied.

Et oui, rappelons que la vadrouille au hasard en pouce et sous tente n'est pas des plus reposante, et qu'il faut parfois prendre les choses d'une certaine façon, faire preuve d'optimisme, de patience, et relativiser tout en faisant abstraction de pas mal de désagrements et d'inconfort pour profiter pleinement et trouver du charme dans cette manière de voyager. Quand aux rencontres qu'elle permet, ai-je besoin d'en dire plus?

Le petit côté hasardeux et indécis de ces derniers jours a été delicieux. et encore et toujours, nous nous laissons couler sans nous inquiéter de ce qui va se passer, tandis que notre vadrouille neo-zélandaise reste très tranquille.

Ceux qui nous suivent depuis le début de notre aventure trouverons sans doute que nous nous infligeons moins de galères que durant, par exemple, notre traversée de l'Europe, et c'est vrai. Nous payons plus de camping sans nous donner forcément le mal de trouver des spots gratuits où dormir, nous nous accordons du bon temps et des petits plaisirs plus souvent, ce qui donne à notre périple ce petit côté calme et posé dont nous vous parlions la dernière fois. Il faut dire que nous avons des économies en même temps que la perspective de travailler dans peu de temps et donc d'avoir l'opportunité d'en refaire. Nous sommes un peu dans la même situation que durant la deuxième partie de notre voyage en Asie, après une année australienne très productive et la Nouvelle Zélande qui se profilait encore à l'horizon.

Et n'oublions pas qu'encore une fois, il ne s'agit là que de notre opinion, et que notre seuil de tolérance a atteint un niveau assez particulier après trois ans passés sur les routes. En effet, si nous sommes comme des poissons dans l'eau, caracolant comme des petits fous dans ce qui nous apparaît comme une tranquille et gentillement sauvage petite escapade au coeur d'un pays certe magnifique et formidablement accueillant mais pas tellement dépaysant sociétalement parlant et très calme du point de vue du bouleversement des réflexions, ce mode de vie vagabond peut être assez déstabilisant du côté de notre petit Flo pour qui c'est le premier voyage. Si nous n'éprouvons qu'un léger picotement lorsque nous nous lavons sans savon dans le courant glacé d'une rivière, si la pluie qui nous tombe sur le coin du pif nous apparaît comme un désagrement passagé dans des conditions climatiques certes frisquettes mais à mille lieux de nos quatre mois hivernaux en europe durant lesquels les températures négatives étaient nos compagnes de route, il n'en va pas de même pour tout le monde. Nous trouvons que nous payons beaucoup trop pour dormir, mais il est vrai que passer plus de deux semaines à dormir chaque soir sous une toile à même le sol, même dans un camping payant, a de quoi faire drôle... Bref, nous voyageons à trois, et tout le monde doit y trouver son compte, même si cela implique des dépenses supplémentaires. Et pour être francs, nous nous réjouissons nous aussi de profiter de manière un peu plus fréquente des petits conforts du camping payant! Et oui, nous devons être en train de vieillir...

Côté visites, cette petite semaine de vadrouille hasardeuse nous aura montré des sites sympas sans être franchement extraordinaires, même si la Cathedral Cove était magnifique et la Hot Water Beach amusante, sans être autre chose qu'un point d'intérêt comme un autre. Notre randonnée dans la vallée de Kauaeranga a été belle, mais humide et sans commune mesure avec le trip visuel qu'a constitué la descente du Cape Reinga. Quand aux étendues que nous parcourons en pouce, elles sont égales à elles-mêmes : chaque kilomètre nous fait traverser une campagne magnifique, qui à elle seule est un régal pour les yeux.

Bref, tout ça n'est pas comparable avec ce que nous vous montrerons dans notre prochain article. Je vous ai déjà dis que nous nous préparions à attaquer la visite des sites de l'île nord que nous attendions depuis longtemps. Et bien nous n'avons pas été déçus! Les lacs de la région de Rotorua, c'était déjà pas mal. Avec le Le Wai-O-Tapu Thermal Parc, nous avons passé un cran du point de vue de l'unique au monde et du décrochage de mâchoire visuel (ce n'est pas pour rien qu'on surnomme ce parc "the Thermal Wonderland"!).

Et puis il y a eu le must, le magnifique, le formidable, celui que j'attendais le plus sur l'île nord et qui a été tout simplement époustouflant : le fantastique treck du Tongariro Alpine Crossing, considéré par beaucoup comme la plus belle randonnée en un jour au monde.  Rien que ça! Il faut dire que l'itinéraire de la balade passe à côté du mont Ngauruhoe. Ce nom ne vous dit rien? Petit indice : un célèbre seigneur des ténèbres y a forgé un anneau...

A très bientôt tout le monde!

2 commentaires:

  1. kia ora les aventuriers! c'est Tabatha!
    Quel plaisir de vous lire :) ça nous rappelle de bon souvenir à moi et Maxime!
    et arrêtez de dire que vous n'êtes pas des aventuriers à vous reposer et à payer pour dormir, vous êtes des ouf!

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    1. Hello!

      Oui, c'est bien sympa la Nouvelle Zélande! On en prend plein les mirettes, et les gens sont adorables.

      Et puis oui, c'est ce que je dis, de notre point de vue nous avons l'impression de nous la couler douce, mais c'est si on compare ce trip à ceux que nous avons fais dans des contrées disons occidentales. On est pas habitué!

      Après, paradoxalement, on se faisait plus plaisir en Asie, mais d'une part c'était quand même beaucoup moins cher, et d'autre part le côté sauvage était plutôt psychologique, et plus violent je trouve, dans des pays aussi culturellement différents du nôtre, et de la Nouvelle Zélande. Au final, à repartir dans un pays aussi facile à vadrouiller, où nous conservons pas mal de repères culturels, après tout ce que nous avons vécu, nous avons l'impression d'effectuer une petite promenade de santé!

      On pense bien à vous, et vous nous rejoignez quand vous voulez!

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